Écrivain, poète et critique d’art, Henri Raynal a notamment publié Aux pieds d’Omphale (Pauvert, 1957), L’Œil magique (Seuil, 1963), L’Orgueil anonyme (Seuil, 1965), Dans le secret (Fata Morgana, 2004), L’Accord (Fata Morgana, 2010), Ils ont décidé que l’univers ne les concernait pas (Klincksieck, 2012). À quoi s’ajoutent des textes dans de nombreuses revues parmi lesquelles Le Surréalisme même, La NRF, Tel quel, Le Mercure de France. Critique, Les Cahiers du sud, Opus, Les Lettres françaises, Le Nouveau Commerce, Poésie, Art press, Autre sud, Missives et la Revue du MAUSS dont il est membre.
Dans cette même revue, en 2016, à l’occasion d’un dossier consacré à son œuvre, Fabrice Hadjadj présente Henri Raynal ainsi : « Connaissez-vous Henri Raynal ? » C’est la question que je lance à mes proches depuis quelques mois, laquelle se décline selon diverses variantes : « As-tu lu Cosmophilie*, qui vient de paraître ? L’Orgueil anonyme ? Pas même un de ses articles dans le Dictionnaire des mots manquants ? Tu le dois, c’est un penseur rare et un écrivain remarquable, qui à force de cultiver les mêmes questions depuis cinquante ans parvient à des tournures qui ont l’évidence et le rayonnement des arbres ou des fleurs. » Au reste, parmi les questions par lui cultivées, il y a justement celle-ci. Raynal a profondément médité le phénomène que je suis en train de décrire : ce besoin que nous éprouvons de communiquer ce qui nous touche, de raconter ce qui nous est arrivé, de rapporter à autrui nos admirations et nos indignations, nos découvertes et nos rencontres, de façon si irrépressible parfois que nous lui coupons volontiers la parole ou que lui-même nous la coupe (car il éprouve le même besoin). Ce phénomène radical, puisqu’il fait de nous les porte-parole de la phénoménalité, Raynal le nomme de plusieurs manières : l’« apostolat pur », l’« obligation du témoin », le « Complexe de Candaule »… »
Henri Raynal est une personne attachante car comme l’a remarqué Fabrice Hadjadj, sous le lot commun de l’égocentrisme, il y a chez ce poète-penseur une irrépressible générosité première, celle qui fait de nous les apôtres des choses, les ambassadeurs de tout ce qui bouge et advient sous le soleil – et dont chacun de ses livres est l’énergique célébration. On aurait donc tort de ne pas profiter de cette offrande, car comme le montrent les six textes qu’il nous a aimablement communiqués, leur lecture nous élève, nous en sortons grandis et surtout réconciliés avec ce qu’il y a de meilleur dans notre condition – que nous avons pourtant décidé d’ignorer, aveuglés que nous sommes par la megalothymia** : le simple et miraculeux fait d’exister.
* Cosmophilie, Nouvelles locales du Tout peut être commandé sur le site du MAUSS où d’autres informations sur Henri Raynal sont consultables. Ici l’article d’hommage sociophilique à la cosmophilie d’Henri Raynal de Philippe Chanial et là son site personnel.
** La quête de supériorité, de gloire et d’honneur, parfois poussée jusqu’à l’héroïsme.
Méditer le déploiement souverain, la fête insolite