Pour Paul De Laboulaye
« Non ridere, nec lugere, neque detestari, sed intelligere » [Ne pas rire, ne pas se lamenter, ne pas haïr, mais comprendre], Spinoza, Traité Politique, I, chapitre 4.
« Tout comprendre, c’est tout pardonner. » Benjamin Constant
« Où il y a de la compréhension, l’amour suit bientôt. » Catherine de Sienne
« Juger n’est pas comprendre. » Odilon Redon
« Admire d’abord, tu comprendras ensuite. » Gaston Bachelard
« La femme incomprise est celle qui ne comprend pas assez qu’on la comprend trop. » Franz Liszt.
« Anatole France racontait avec l’aimable scepticisme* qui parfois l’empêchait de comprendre… » Roberto Calasso, La folie Baudelaire.
« Je n’arrive pas à comprendre les choses trop simples. » Glenn Gould (on lui demandait pourquoi il n’aimait pas le rock).
« Plus je m’explique, moins je me comprends. » Eugène lonesco
« Moins je me comprends, plus je m’approuve. » Robert Pinget
« Regarder les choses avec une attention superficielle pour ne pas les casser. Prendre le plus grand soin à ne pas les comprendre. Puisqu’il est impossible de les comprendre, je sais que si je les comprends, c’est une erreur de ma part. Comprendre est la preuve de l’erreur. Comprendre n’est pas la façon de voir. Les choses sont exemptes de la compréhension qui blesse. » Clarice Lispector
« C’est pourquoi je leur parle en paraboles, parce qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils n’entendent ni ne comprennent. » Évangile, Matthieu, 13 : 13.
Bashô (poète japonais du XVIIᵉ siècle) : « En somme, j’aurai passé l’essentiel de ma vie à expliquer le zen alors que je n’ai jamais pu le comprendre moi-même ! »
Son interlocuteur : « Mais comment avez-vous donc pu expliquer ce que vous ne compreniez pas ? »
Bashô : « Ah ! ça aussi il faut vous l’expliquer ! »
À un contradicteur, Samuel Johnson (écrivain anglais du XVIIIᵉ siècle) fit observer : « Monsieur, je vous ai fourni un argument ; mais je ne suis pas obligé de vous fournir aussi l’intelligence. »
« Un jésuite rencontre un dominicain et lui demande son chemin. Je pourrais vous l’indiquer facilement, mais vous ne comprendriez pas : c’est tout droit. » Anecdote rapportée par Vladimir Jankélévitch.
« L’important, ce n’est pas de comprendre ou de ne pas comprendre, mais c’est la manière dont on ne comprend pas. » Kita Minoru (École de de Nô).
« Prendre toute la mesure de ce que je n’avais pas compris n’avoir pas compris. S’arracher à ce “ne pas comprendre n’avoir pas compris” est exactement ce qui s’appelle penser, penser philosophiquement. » Bernard Sichère, Aristote au soleil de l’être.
« Comprendre, c’est d’abord reconnaître qu’on n’a jamais assez compris. Comprendre, c’est reconnaître que toutes les significations demeurent en suspens tant que l’on n’a pas achevé de se comprendre soi-même. » Jean Starobinski
Bêtise magistrale – façon Homais : il faut ne rien comprendre pour oser tout expliquer.
Bêtise écolière – façon Petit Nicolas (ou plutôt Clotaire) : les gens qui ont besoin d’explications sont justement ceux qui ne les comprennent pas.
Face aux athlètes de la compréhension abstraite et rigide (les ratiocineurs), n’oublions pas la raillerie d’Aristophane dans Les Grenouilles : « On apportera des règles, des équerres à mesurer les vers, des moules quadrilatères […], des diamètres et des coins. »
Une extraordinaire formule de Joseph de Maistre : « Celui qui ne comprend rien, comprend mieux que celui qui comprend mal. »
Enfin, de Jean Grenier, extraite de son Lexique, cette assertion radicale à l’entrée “comprendre” : « Il faut renoncer au monde pour le comprendre. »
* « Celui qui est sceptique se condamne à rester spectateur. » Goethe.
Illustrations : (en médaillon) John Keats par Joseph Severn (1821) ©National Portrait Gallery of London – dans le billet : dessin de Jean-Jacques Sempé.
Prochain billet bientôt se Deus quiser.
Sempė, mon préféré, plus que tous les autres réunis!
Oui, irremplaçable, quel génie ! 🙂
À la fin d’une conférence:
-Si vous avez compris ce que je viens de dire c’est que je me suis mal exprimé.
(je cite de mémoire, auteur oublié)
Alan Greenspan, Le Monde, 9 juillet 1998. Cliquez sur le lien du dédicataire et vous verrez… 😉
Merci. Un moment j’ai eu la tentation de m’attribuer cette citation. Puis je me suis dit qu’avec le patron du lieu et ses connaissances encyclopédiques ça ne passerait pas.J’ai bien fait.
Vous savez personne n’est absolument sûr de ses sources… 🙂