Le célèbre calligraphe Zheng Xie, raconte François Cheng, échoua jusqu’à l’âge de quarante ans à tous les examens de lettré auxquels il se présenta. Non par manque de connaissances (seule raison d’échec en Occident), mais à cause de sa mauvaise calligraphie: l’épreuve la plus importante lui était fatale à chaque fois.
On devrait faire de même pour l’admission à l’ENA ou le recrutement des fonctionnaires à Bruxelles: une écriture belle et heureuse pour s’assurer d’un « cœur limpide et fin ».
Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique.
Un joli tracé sur une feuille de papier de bonne qualité, avec le crissement presque imperceptible de la plume qui glisse, sans trop accrocher le papier.
C’est un plaisir qui tend à disparaître, maintenant que les doigts se délient sur les claviers.
Ça ne sert plus à rien d’avoir une belle écriture, de même que le beau geste du nageur qui fend l’eau, en laissant une belle trace fine, avec un minimum d’éclaboussure, ne sert pas à grand chose non plus.
Et c’est bien dommage.
Oui, beauté des choses dites « inutiles » (à l’aune d’un utilitarisme borné) mais qui font le sel de la vie… 🙂