Je ne vais pas commenter le livre de Michel Houellebecq Soumission car il y a inflation en la matière (l’article le plus calamiteux d’esprit et surtout d’écriture* ayant été livré par Madame Angot). Non, je vais simplement citer le portrait qu’il fait de François Bayrou décrit en cheval de Troie de l’islamisme, totalement épanoui dans le rôle de l’idiot utile, du Ganelon malgré lui, de l’ectoplasme fatal… exemple suffisant pour vanter (s’il en était besoin) les qualités de son humour féroce et le remettre dans la tradition de la salubre satire et de la courageuse insolence de ses amis de CHARLIE-HEBDO:
« Le vieux politicien béarnais, battu dans pratiquement toutes les élections auxquelles il s’était présenté depuis une trentaine d’années, s’employait à cultiver une image de hauteur, avec la complicité de différents magazines; c’est-à-dire qu’il se faisait régulièrement photographier, appuyé sur un bâton de berger, vêtu d’une pèlerine à la Justin Bridou, dans un paysage mixte de prairies et de champs cultivés, en général dans le labour. L’image qu’il cherchait à promouvoir dans ses multiples interviews était celle, gaullienne, de l’homme qui a dit non.
(…) ‘Ce qui est extraordinaire chez Bayrou, ce qui le rend irremplaçable’, poursuivit Tanneur avec enthousiasme, ‘c’est qu’il est parfaitement stupide, son projet politique s’est toujours limité à son propre désir d’accéder par n’importe quel moyen à la magistrature suprême, comme on dit; il n’a jamais eu, ni même feint d’avoir la moindre idée personnelle; à ce point, c’est tout de même assez rare. Ça en fait l’homme politique idéal pour incarner la notion d’humanisme, d’autant qu’il se prend pour Henri IV, et pour un grand pacificateur du dialogue interreligieux; il jouit d’ailleurs d’une excellente cote auprès de l’électorat catholique, que sa bêtise rassure’.
(…) François Bayrou, le visage auréolé d’un large sourire béat, avait à peu près joué le rôle de Jean Saucisse, le Hanswurst des vieilles pantomimes allemandes, qui répète sous une forme exagérée — et un peu grotesque — ce qui vient d’être dit par le personnage principal.
(…) mais Bayrou par contre est vraiment un crétin, un animal politique sans consistance, tout juste bon à prendre des postures avantageuses dans les médias. » Michel Houellebecq, Soumission (pp. 73, 74, 97, 144), Flammarion, 2014.
La lecture de ce livre, au fond, n’est pas désagréable. Nonobstant le personnage du « narrateur » franchement déplaisant: une sorte de looser indolent et dépravé, trébuchant d’une biture à une partie de baise, ayant des opinions mais aucune conviction (d’où son impossible conversion à l’islam), moralement invertébré, porté au louvoiement, prêt à tous les accommodements, toutes les compromissions. « Chez le narrateur de Houellebecq, le ressort disciplinaire de l’élévation est brisé. (…) C’est au fond l’indiscipline, c’est-à-dire l’oubli de la nécessité de se contrarier pour aller plus haut, qui fait la soumission du narrateur à son destin de collaborateur de l’université islamique » remarque avec justesse Marin de Viry (« Présentation de l’adjudant-chef Poujard au narrateur de Soumission« , Revue des Deux Mondes, février 2015). N’est-ce pas là le portrait – et c’est là la cuisante vérité de Soumisssion – de ce que nous sommes en passe de devenir: des individus qui n’ont plus aucune capacité à agir sur la société, sur les autres et, au final, sur leur vie propre? Reste qu’une question me tenaille (même si la politique-fiction à rebours est un peu suspecte): en 1940 comment aurait sonné Soumission? Dans quel train Michel Houellebecq serait-il monté?
*dans un style classe de 3ème des Collèges (mention « Bon niveau avec de bonnes chances pour le bac »).
Illustration: Dessin de Kristian Hammerstad pour M Le magazine du Monde.
Je n’ai jamais lu madame Angot, mais ce que je viens de lire ne relève pas moins d’un style classe de 3ème des Collèges. Qu’est-ce qui, dans cet extrait, donne envie de se taper sur les cuisses tellement c’est drôle ? La référence à Justin Bridou ? Le fait de déclarer qu’un homme politique est parfaitement stupide et de surcroît opportuniste ? Le décalage de la comparaison avec de Gaulle ou Henri IV ?
Je n’apprécie pas Bayrou, que je juge invisible, mais le portrait qui en est fait n’est même pas une caricature. C’est plat, sans saveur, sans impertinence, sans cruauté même. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler de l’esprit. Un portrait de La Bruyère est beaucoup plus savoureux, infiniment plus subtil et franchement drôle. Mais ça, c’est quoi au juste ? Ben on sait pas…du Houellebecq ?
Qui a pu décréter que ce type avait du talent ? La chronique littéraire du Monde ?
Je pense que Houellebecq aurait dû s’arrêter d’écrire après les particules élémentaires. Avec ça, il est d’une telle laideur qu’on se demande s’il ne la cultive pas ? Cela dit, j’imagine qu’il rassure quelques vieux cons prostatiques et libidineux.
Chère Aukazou, il faut vous reprendre! Vous êtes en train de ventriloquer Madame Angot (il est vrai dans un style classe de 1ère des lycées mention « Continuez: bac de français au bout de la plume! »). Encore un effort, le niveau monte, monte. 😉
C’est ça, on lui dira…
« Le pénis passait d’une bouche à l’autre, les langues se croisaient comme se croisent les vols des hirondelles, légèrement inquiètes, dans le ciel sombre du Sud de la Seine-et-Marne, alors qu’elles s’apprêtent à quitter l’Europe pour leur pèlerinage d’hiver. »
(Michel Houellebecq, Soumission, 2015, p. 26)