10384619_10205953172729565_ferli13Le soufflet de la grande vague de solidarité du 11 janvier paraît être retombé. L’émission « Des Parlotes et des Actes » (ou plutôt des « Des Parlotes et des Claques »…) sur France 2 hier soir en fut le triste constat. Pour reprendre une image chère à Régis Debray à 20h45 on avait un tout, à 23h30 on n’avait plus qu’un tas. Il suffisait de voir la mine fatiguée, le sourire triste, désenchanté de David Pujadas et les visages maussades, figés, durs des invités pour comprendre que la Cause nationale, la Fraternité dominicale étaient perdues, qu’elles s’étaient désagrégées au fil d’échanges qui n’ont fait en 3 heures qu’éloigner les uns des autres au lieu de rassembler, de forger un consensus (à défaut d’unanimité républicaine qui fédère et pousse en avant). On aurait pu penser que l’on jouait la même partition, mais chacun avait sa propre interprétation, son propre ton et tempo – la cacophonie était inéluctable (un pays qui n’a plus assez de musique en lui peut-il réussir une composition?). Seuls furent « audibles » en première partie les témoignages effroyablement concrets du juge et du spécialiste des réseaux. Les politiques ont essayé d’assouplir leur langue de bois (mais on sentait l’impératif de remontée de satisfecit, de revalorisation d’image coller à la tentation cynique de « récupérer » les pauvres morts), les représentants de la société civile poussaient leur petit pion entre intérêts électoralistes et engagements/idéaux associatifs, comme d’habitude les intellectuels réglaient avec hargne et aigreur leurs vieux conflits de chapelle… au milieu de tout cela quelques échantillons issus de la « diversité » essayaient de rendre sympathique, télégénique qui son boubou, qui son accent neuf trois, qui sa dette à la méritocratie, qui son calot blanc d’imam… Chacun est reparti dans son quartier, sa banlieue, vaguement penaud, avec, accrochée au ventre, la peur de se trouver sur la trajectoire des prochains fous de Dieu.

P. S.
– bémol 1: cette déconfiture par décomposition doit beaucoup à l’audiovisuel d’abord et aux « talk-shows » ensuite qui sont des machines à morceler, à hacher menu. Si une hirondelle ne fait pas le printemps, une émission de télévision ne fait pas la France. Alors, un espoir?
– bémol 2: ce qui ressort (tout de même) de ces échanges poussifs est l’importance de la LANGUE française, sa maîtrise, sa pratique (expression, compréhension), sans ce minimum mimorum qui est le vecteur de transmission et de partage de ces fameuses valeurs dont tout le monde a plein la bouche, tout le reste n’est que bavardage ému 
(« Quand les gamins de banlieue ne maîtrisent que 800 mots, alors que les autres enfants français en possèdent plus de 2 500, il y a un déséquilibre énorme », Alain Bentolila en… 2002!)
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Illustration: France Télévision.

  1. Cédric says:

    J’ai regardé quelques minutes vers la fin, en zappant dessus par hasard, et c’est bien cela oui : chacun (y compris moi) parle depuis soi, et ce sera toujours ainsi jusqu’à la fin de temps. 😉

    Je ne m’en réjouis pas ni ne m’en désole, c’est simplement ainsi qu’est la condition humaine (et la condition des animaux s’ils pouvaient l’exprimer) (la belette parlerait de sa condition de belette, de sa vie de belette, et de ce qu’elle voit depuis ses yeux de belettes…)

  2. serge says:

    Que d’efforts pourtant fait par la propagande médiatique pour persuader le peuple
    que les musulmans aiment la république, que l’islam est une religion de paix, que le métissage est un enrichissement et que l’immigration est une chance.
    Le peuple est bon élève. Tous les assassins de ces derniers temps étaient des voyous
    « issus de l’immigration » se réclamant de l’islam avec un casier judiciaire long comme le bras qui au vu de la loi auraient dû se trouver au gnouf. Ils étaient libres. Ils ont tué… et la côte de popularité de Hollande qui était au plus bas remonte en flèche.
    Comme il est passionnant d’observer ces grandes émotions collectives, ces manipulations de l’opinion, le déni de réalité, la censure que l’on s’impose et qu’on nous impose, les tribunaux, la trouille,l’idéologie.

    1. Les Français ne sont pas dupes des (trop) généreuses proclamations: ils sont cartésiens (dit-on), l’esprit de doute, voire un certain esprit dénigreur et sceptique foncier reprendra le dessus et les immunisera contre les tentatives de manipulation – d’où qu’elles viennent. 😉

    2. Aukazou says:

      « Que d’efforts pourtant fait par la propagande médiatique pour persuader le peuple
      que les musulmans aiment la république, que l’islam est une religion de paix, que le métissage est un enrichissement et que l’immigration est une chance. »
      ————————–

      Ben mon n’veu ! Vous en fréquentez, vous, des musulmans ? Vous êtes spécialiste de l’Islam ? De mon père, iranien (désolée, hein !), musulman (ouh la la ! quelle horreur !), je retiens qu’il récitait des poèmes de Nerval sans aucune trace d’accent, qu’il maîtrisait la langue française comme aucun français de souche ne la maîtrise plus, qu’il se sentait plus Montesquiou que Montesquieu et qu’il nourrissait un amour inconditionnel pour la littérature ( le plus court chemin d’un homme à un autre, selon Paul Valery).

      Vous êtes vous jamais assis au sommet d’une colline avec, pour seul paysage, un troupeau de moutons, quelques pieds de vigne sauvage, un muret délabré au lointain et la ville minuscule tout en bas dont on ne distingue que quelques points microscopiques. Le silence est tel qu’on n’ entend même plus les cigales restées en contrebas, dans la vallée, à l’ombre des figuiers. Soudain, l’air vibre du chant du muezzin, répercuté par les haut-parleurs et plus rien n’existe : que la terre, le ciel, et la voix du muezzin pour les mettre en musique. Vous vous surprenez à murmurer « Allahou akbar », non pas que vous célébriez un dieu particulier, une confession spécifique. Non, ce que vous célébrez en réalité de si sacré, c’est la vie. La vie qui, pour le croyant, comme pour le non croyant, reste un miracle et un mystère…certains éprouvent le besoin de nommer ce mystère, d’autres non. Généralement, je l’appelle « Christ », en France, « Allah » au moyen-orient et ça ne me pose aucun problème de compréhension (la richesse du métissage…voyez !).
      Ce ne sont pas les religions qui tuent, à l’heure actuelle. C’est ce qu’en font les medias : des usines à meurtre. Avant de démocratiser internet et de le rendre accessible au tout venant, avant de remplacer le lien social par des multitudes de chaînes cablées (dont Al jazeera qui n’est pas la pire), il aurait peut-être mieux valu donner des livres aux gens…des livres qui ne se vendent pas 20 euros la pièce quand la redevance télé coûte moins cher !

      Dupont Lajoie tue autant que Mohammed. Ce n’est pas la religion qui tue, c’est la connerie et la culture de masse (ce qui revient au même). Loana ou Nabilla, même combat à savoir la démonstration parfaite que l’école ne sert strictement à rien. Et si l’école ne sert à rien pour « réussir » ou devenir célèbre, il te reste l’option « Nabilla/Loana/Snoopy Dog (dans le meilleur des cas) ou Merah/ Couachi/Coulibaly (dans le pire). Et qui nous ressert ce leitmotive à longueur de temps, qui produit des générations d’abrutis ? Les médias ! La pire des religions, c’est bien la religion numérique.

      1. serge says:

        Oui, je connais des musulmans. Non je ne suis pas un spécialiste de l’islam ce qui n’empêche pas d’observer ce qui se passe dans les 57 pays musulmans ou de lire des extraits affligeants du Coran ou de hadiths dont certains sont des appels au meurtre mis en application. Je serais curieux que vous me citiez le nom des derniers Dupontlajoie qui ont assassinés des enfants dans une école ou des journalistes. Cela m’aiderait à me remettre en question. Je suis consterné que vous mettiez sur le même plan Nabila et Coulibaly. Je suis heureux d’apprendre que votre père est un homme de culture et d’un grande sensibilité.
        Il ne mérite pas de vivre dans un pays à la con où il existe dans les stations de ski des pistes réservées aux hommes et d’autres aux femmes.

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Patrick Corneau