Alors que le discours médiatico-publicitaire nous rebat les oreilles de l’inéluctabilité des révolutions techniques apportées par la carrière de (toujours) nouveaux objets (car on a honteusement oublié les autres dans les poubelles de l’histoire… d’où elles ressortent parfois comme farce mélenchonienne), rappelons-nous les mots justement célèbres de Péguy et évaluons l’authenticité de ces prétendues « ruptures »:
« Une révolution n’est vraiment et pleinement révolution­naire et ne réussit comme révolution que si elle atteint, connue d’un coup de sonde, que si elle fait surgir et sourdre une humanité plus profonde que l’humanité de la tradition à laquelle elle s’oppose, à qui elle s’attaque; elle ne vaut que si elle met dans le commerce une huma­nité plus profonde et, proprement, plus traditionnelle, que l’humanité courante, que l’humanité actuelle, usuelle, que l’humanité connue; (…) au fond une révolu­tion n’est une pleine révolution que si elle est une plus pleine tradition, une plus pleine conservation, une anté­rieure tradition, plus profonde, plus vraie, plus ancienne, et ainsi plus éternelle; une révolution n’est une pleine révolution que si elle met pour ainsi dire dans la circula­tion, dans la communication, si elle fait apparaître un homme, une humanité plus profonde, plus approfondie, où n’avaient pas atteint les révolutions précédentes, ces révolutions de qui la conservation faisait justement la tra­dition présente. Une pleine révolution (…), il faut qu’elle soit plus traditionnelle que la tradition même; il faut qu’elle passe et qu’elle vainque l’antiquité en antiquité; non pas en nouveauté curieuse, comme on le croit trop généralement, en actualité fiévreuse et factice; il faut que par la profondeur de sa ressource neuve plus profonde, elle prouve que les précédentes révolutions étaient insuf­fisamment révolutionnaires (…); loin d’être une super- augmentation, comme on le croit beaucoup trop généra­lement, une révolution est une excavation, un approfondissement, un dépassement de profondeur. »

Illustration: origine http://physicsworld.com

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Patrick Corneau