« Mélancolie. Affliction de l’âme proche de la tristesse, laquelle toutefois afflige de manière bien plus vive, – plus matérielle. Même sombre et profonde, la mélancolie trouve encore des sources de tendresse. On dirait que son caractère plonge dans quelque douceur. La tristesse est désespérée, la mélancolie naît dans les « pauses » de l’espoir. S’il est une aussi grande mélancolie chez les Antiques, c’est bien parce que l’immortalité, cette immortalité « terrestre » à laquelle ils étaient destinés (ou « condamnés »), exclut toute espérance. L’art vrai est souvent mélancolique, mais jamais triste. Au fond, la différence entre la tristesse et la mélancolie tient au fait que la tristesse accuse la pensée alors que la mélancolie s’en nourrit. Voyez manière dont « pense » la Mélancolie d’Albrecht Durer. Socrate, dans Phédon, dit qu’un jour, un dieu avait cherché à mélanger la douleur et la volupté et, n’y parvenant pas, il avait fait en sorte qu’elles se joignent au moins en une occurrence. » Alberto Savinio, Encyclopédie nouvelle, Gallimard, 1977.
Une pièce de plus dans mon anthologie personnelle…
Illustration: Portrait attribué à Giorgione (1477 – 1510).