« Je crois que la technologie est une entreprise charitable. » Glenn Gould*

Glenn Gould était convaincu de l’innocente bienfaisance de la technique, ce qui, bien sûr, n’est pas le cas de Guido Ceronetti: « Les techniques nouvelles sont bien-pensantes par elles-mêmes, et représentent non seulement la rationalité, mais la charité. La vertu ne peut plus rivaliser avec les machines et les moyens de transport. Elle ne peut donc que se faire diabolique et retrouver son inspiration dans le Mal. Tout comme les machines se sont mises à incarner l’idée de Bien, la destruction et la technologie de la destruction ont pris un caractère métaphysique… L’anéantissement n’est donc plus une métaphore. » (Guido Ceronetti,  Ce n’est pas l’homme qui boit le thé, mais le thé qui boit l’homme, Albin Michel, 1991).

Petite ilustration de ce rapport diabolique entre les nouvelles technologies et la vertu. Ici le 9ème commandement: tu ne mentiras point autrement dit l’utopie de la transparence qui sombre inéluctablement dans le soupçon mortifère. Dans notre merveilleux nouveau monde le mot « devoir » est banni car tout est permis pour s’épanouir personnellement mais à une seule condition: il faut dire les choses. Si on a le courage de trouver les mots, on est dispensé de responsabilité morale et de tous les dommages collatéraux.

*Entretiens avec J. Cott, Lattès, 1973.

Illustration: Extrait du reportage « Les SMS de la colère », Journal de 20 h. de France2, 21 juin 2012.

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Patrick Corneau