En peu de mots, le sagace Michel Crépu a dit l’essentiel sur cette tragédie dans son « édito mobile » d’hier, 25 juillet, sur le site de la Revue Des Deux Mondes: « HEUREUX COMME LE DIABLE EN NORVÈGE »

« Ce qui stupéfie d’abord, c’est l’extrême violence concentrée, la bombe, la fusillade insensée sur ce minuscule îlot soudain jonché de cadavres, là où régnait la « paisible Norvège ». Du jamais vu depuis la Seconde Guerre mondiale, répète-t-on comme pour souligner la fin d’une énorme parenthèse. Mais oui, le Diable a aussi des actions au pays des fjords, réputé si intransigeant au chapitre de la liberté d’expression.

Voyez le jeune Anders Behring Breivik et son cocktail à la fois si déroutant et classique d’adolescence gentille mais un peu mystérieuse, de fondamentalisme bio teinté de franc-maçonnerie nazie, de protestantisme radical silencieusement hystérique. Il y a là, et pas seulement pour les enquêteurs, de quoi creuser. Analyser, comprendre les ingrédients de cette pulsion de mort. Au fur et à mesure, nous allons en savoir plus sur ce jeune homme amateur de jeux vidéos où il s’agit rien moins que de tuer un maximum d’individus. Loin de nous, naturellement, l’idée sotte de confondre l’image et sa réalité, l’irréalité ludique et le déchaînement du passage à l’acte. Il n’empêche. On a quand même le droit et même le devoir de signaler certains points de confusion, cerner cette zone redoutable où le délire passe la frontière du monde commun.

La paisible Norvège en est pour ses frais d’harmonie sociale. Face à elle désormais, non Hitler, mais le visage lisse du Mal dans la plus parfaite expression de sa banalité. »

[mcrepu@revuedesdeuxmondes.fr]

Illustration: L’Ile d’Utoeya (en forme de cœur, presque…) /Flickr

  1. Breuning Liliane says:

    « …son cocktail à la fois si déroutant et classique d’adolescence gentille mais un peu mystérieuse, de fondamentalisme bio teinté de franc-maçonnerie nazie, de protestantisme radical silencieusement hystérique. » A bon entendeur, salut! Creusons. Merci pour cet article.

  2. Oui, creusons ce cocktail auquel il faut ajouter la pratique des jeux vidéos… Creusons aussi cette « Norvège heureuse », si consensuelle, si avancée et en même temps si « provinciale » (dixit hier soir une « experte » de la Norvège dans le 20h de France2) où les mouvements d’opinions et les représentations des individus s’emballent de manière fantasmatique un peu comme on le fait en France dans un nombre grandissant de petites villes « riantes » et communes rurales extrêmement paisibles où l’on prend ses peurs pour des réalités (peut-être parce qu’on y abuse de ce jeu-vidéo national qu’est la télévision)…

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Patrick Corneau