Il y a à Naples une coutume espagnole conservée et soigneusement observée: le struscio. Le mot vient du verbe strusciare, traîner les pieds. Le Jeudi Saint au crépuscule, la principale artère de la ville est, l’espace de trois heures, fermée au trafic. On peut alors s’y promener tant qu’on veut, y compris sur la chaussée, strusciando, c’est-à-dire, justement, en traînant les pieds. Cette coutume vise à rendre possible la visite des églises où, le Jeudi Saint, on aménage des tombeaux du Christ symboliques, ornés de fleurs blanches et de cierges.
C’est la rentrée et certains « traînent les pieds » face à la reprise… Aussi, je pense qu’il faudrait étendre cette coutume à nos contrées et institutionnaliser en le laïcisant ce salubre « traînage de pieds ». L’inscrire peut-être dans le calendrier des journées célébrantes comme la Fête de la musique: une fois par an, on ralentirait la course pour traîner les pieds dans des lieux sacrés, des jardins, chez soi, pour parler à son voisin, ne rien faire ou faire des petits riens fragiles et passagers. On pourrait même rêver à une utopique mesure décidée par madame Lagarde: dans chaque entreprise, le vendredi après-midi, les cadres et leurs collaborateurs traîneront les pieds, prendront le temps de se regarder, de se parler…
Illustrations: Différentes manières de traîner les pieds/Flickr
C’est une idée qui me plait bien.
mais peut-on décoller en trainant les pieds ? décoller du quotidien vers ses rêves ? ne faut-il pas plutôt les soulever très haut à la façon du flamant rose ? très très lentement….
Utopie, certes, au royaume du « Travailler plus pour gagner plus » et du chômage endémique…
Il y a sans doute des coups de pied au culte qui se perdent.
La mode si laide des tongs facilitera sans doute les choses.