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hmorganlettrine2.1248766397.jpgIl y a à Naples une coutume espagnole conservée et soigneusement observée: le struscio. Le mot vient du verbe stru­sciare, traîner les pieds. Le Jeudi Saint au crépuscule, la principale artère de la ville est, l’espace de trois heures, fermée au trafic. On peut alors s’y promener tant qu’on veut, y compris sur la chaussée, stru­sciando, c’est-à-dire, justement, en traînant les pieds. Cette coutume vise à rendre possible la visite des églises où, le Jeudi Saint, on aménage des tombeaux du Christ symboliques, ornés de fleurs blanches et de cierges.
C’est la rentrée et certains « traînent les pieds » face à la reprise… Aussi, je pense qu’il faudrait étendre cette coutume à nos contrées et institutionnaliser en le laïcisant ce salubre « traînage de pieds ». L’inscrire peut-être dans le calendrier des journées célébrantes comme la Fête de la musique: une fois par an, on ralentirait la course pour traîner les pieds dans des lieux sacrés, des jardins, chez soi, pour parler à son voisin, ne rien faire ou faire des petits riens fragiles et passagers. On pourrait même rêver à une utopique mesure décidée par madame Lagarde: dans chaque entreprise, le vendredi après-midi, les cadres et leurs collaborateurs traîneront les pieds, prendront le temps de se regarder, de se parler…

Illustrations: Différentes manières de traîner les pieds/Flickr

  1. anne says:

    mais peut-on décoller en trainant les pieds ? décoller du quotidien vers ses rêves ? ne faut-il pas plutôt les soulever très haut à la façon du flamant rose ? très très lentement….

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Patrick Corneau