Patrick Corneau

Larvatus prodeo (« J’avance masqué », devise de René Descartes, Preambula) – Il est évident que le geste prophylactique lié au port du masque rejoint un effet de mode ou plutôt une tendance, un goût de cette dernière pour le déguisement, la contrefaçon mais aussi pour la dissimulation.
Être est difficile, faire semblant en revanche est facile.
Noyer son identité, la cacher dans l’anonymat d’un pseudo sur les réseaux sociaux pour fuir la nudité d’un visage, la responsabilité d’une position, l’authenticité d’une conviction assumée avait son équivalent dans le « pas vu pas pris » de la capuche rabattue (ou du foulard) pour la minorité. Avec le masque, la majorité fatiguée de l’injonction de transparence, peut s’offrir le repos dans l’opacité et l’uniformité.
Ni chair ni poisson, ni goût ni gouasse, ni lui ni moi, ni lui ni elle, ni ceci ni cela : le neutre, le fade, le flou, l’indistinct, le confus montent en puissance…

Il en coûte trop cher pour briller dans le monde.
Combien je vais aimer ma retraite profonde !
Pour vivre heureux, vivons cachés
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Jean-Pierre Claris de Florian, Fables, livre II, « Le Grillon ».

Illustration : photographie ©LeLorgnonmélancolique.

Prochain billet le 4 mai.

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Patrick Corneau