Vous êtes à la plage ou vous en revenez, vous avez dans votre sac, entre le bob et la crème solaire, un magazine d’actualité « Spécial été » où entre un dossier sur votre sexualité (mieux « gérer »), votre argent (mieux « gérer »), vos enfants (mieux « gérer »), votre couple (mieux « gérer »), etc. la rédaction vous a livré une salve d’articles sur l’état islamique, l’islam radical, le djihad, le terrorisme, etc. mitonnés par des experts patentés. Oubliez tout! Lisez ce petit texte ci-dessous (écrit il y a onze ans) – tout est dit!
« Une famille marocaine se promène sur la Nieuwendijk, à Amsterdam. La mère porte une longue robe marron et un foulard, le père est habillé à l’occidentale et tient par la main un garçonnet d’environ six ans, qui lance des regards curieux aux étalages. Ils viennent du pont sur le Singel et ont à leur droite une épicerie, puis un sex-shop avec ses accessoires habituels. Rien n’est laissé à l’imagination, énormes pénis en état d’excitation suprême, vagins grands ouverts, mamelles gonflées comme des pis projetés en avant, toute la boutique de chair autrefois réservée à l’intimité exposée au grand jour, à louer ou à vendre. Dévoilée, pourrait-on dire. La femme n’a pas regardé, le père a attiré à lui son petit garçon. Il ne s’est rien passé, et pourtant il s’est passé quelque chose. Un nanogramme d’opinion nous concernant (quel que puisse être ce « nous ») est venu s’ajouter aux archives intérieures des trois passants. […]
Chez le pharmacien. Un homme d’une cinquantaine d’années en djellaba, un colosse, tenant par la main une fillette d’à peu près six ans. Il dépose une ordonnance sur le comptoir, mais il ne peut tenir la conversation qui suit parce qu’il ne parle pas un mot de néerlandais. La petite fille est son interprète et sa porte-parole, mais en cet instant même se produit quelque chose dont ni l’un ni l’autre ne peut mesurer encore les conséquences. L’homme perd une partie de son pouvoir au profit de la fillette. L’avance qu’elle est en train de prendre sur lui aboutira d’ici une dizaine d’années à d’importants conflits. »
Cees Nooteboom, « Entre deux mondes et deux époques », J’avais bien mille vies et je n’en ai pris qu’une, textes choisis et présentés par Rüdiger Safranski traduits de l’allemand et du néerlandais par Philippe Noble.
[Texte original: « Dingen die niet bij elkaar horen, of toch? », Het geluid van Zijn naam, Atlas, Amsterdam, 2005, p. 225-226/230.]
Illustration: photo archives arabiangazette.com.
Voilà pourquoi je prône le juste milieu en toutes choses. L’amour, le respect et l’empathie…des choses trop oubliées comme dit le renard au Petit Prince…
¸¸.•*¨*• ☆
Oui, mais (dans le climat actuel) les « réalistes » vont vous accuser d’être « bisounours », d’être un peu trop « céleste »… 🙁
Tant pis, j’assume.
Cela dit, je préfère la tenue à gauche sur la photo, qui correspond plus à ma ligne éditoriale… 😉
¸¸.•*¨*• ☆