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Le chat qui s’en va tout seul (sans Facebook)


Une délicieuse variation estivale de Michel Crépu sur le plus lointain de nos animaux de compagnie…

« Parmi les sujets qui préoccupent nos concitoyens, celui du genre animal occupe une place de choix. L’altérité animale figure en tête de nombreux dossiers, numéros spéciaux et autres « débats ». Ce point n’est pas à négliger, tant il est vrai que la question de l’ »autre » est devenue obsessionnelle à mesure que tout est fait pour l’évacuer par ailleurs. Pas un jour, pas une heure, sans qu’un « ami » prétendu ne vous presse de rejoindre son « réseau », son « cercle ». Qui est donc cet ami qui se présente à vous sans savoir si vous êtes du genre masculin ou féminin? Sont-ce bien là les manières d’un ami? C’est le moment où jamais d’observer votre chat. Que sait-on du chat? Rien. Il est un mystère absolu. Kipling lui fait prononcer ces mots qui mettent un abîme entre ledit chat et la vie numérique qui est nôtre, désormais: « je suis le chat qui s’en va tout seul, et tous lieux se valent pour moi. » Quelle insolence, quelle désinvolture. N’y a-t-il donc point de « facebook » pour cet être aussi scandaleusement a-convivial? N’existe-t-il pas un réseau web inter-chats capable de faire pièce à ces propos inouïs d’irrespect pour la nouvelle loi de connexion? C’est inadmissible. Que les chats « kiplingien » qui s’en vont tout seuls sachent qu’on les a à l’œil. »
Michel Crépu, extrait de son édito mobile du lundi 12 août.

Illustration: Marcia Grostein, Max-O-narrr The Monster Cat, TGreen Press.

  1. Louise Blau says:

    ayant toujours aimé ce conte de Kipling, je ne peux que m’inscrire dans la lignée de ce qui en fait se considèrent comme des chats qui s’en vont tout seuls, pour qui tout les lieux se valent parce que précisement ils comptent tant les lieux, lieux de toutes les correspondances (mémoire des lieux) de Crépu à vous-même et de vous à moi bien sûr, et parce qu’ils aiment les chats bien entendu.
    (;)

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Patrick Corneau