Lisant Carnets de Kyôto de Nadine Ribault (Editions Le mot et le reste, 2013), je trouve ce texte qui apporte un nécessaire correctif à mon précédent billet.

« La nippologie opère un tri parmi les traits qui caractérisent la culture japonaise. Elle impose vision qu’en ont les élites et les couches sociales qui détiennent le pouvoir. Il s’agit là manifestement d’un processus continu depuis l’ère Meiji, encouragé après-guerre par les milieux conservateurs, qui consiste à ériger en traditions nationales des valeurs et pratiques initialement en vigueur au sein de la caste minoritaire des guerriers. La maîtrise de soi ou l’harmonie intérieure, états auxquels tout guerrier devait tendre, sont devenus des objectifs assignés à l’ensemble de la population. Appréhendés comme autant de « voies » vers la sublimation des désirs personnels, les arts martiaux (judo, kendo…), la calligraphie, la cérémonie du thé, l’art de l’arrangement floral, la méditation issue du bouddhisme zen, mais aussi les sports en général et le base-ball en particulier firent partie des instruments privilégiés de maintien de l’ordre. Ces pratiques artistiques et sportives, encouragées dès le plus jeune âge et organisées de façon systématique au sein des établissements scolaires, se sont révélées d’autant plus efficaces en tant qu’institutions socialisatrices qu’elles supposent à la fois le modelage continu du corps et l’insertion au sein d’un groupe. »
Kazuhiko Yatabe, « La société japonaise et la modernité », in les Études de la Documentation Française, Japon le renouveau?, Paris, 2002.

Illustration: photographie Quentin Chow/Flickr

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Patrick Corneau