A propos d’un oiseau qui m’est cher, lu dans Carnets de Kyôto de Nadine Ribault (Editions Le mot et le reste, 2013):
« Le rossignol un oiseau que l’on entend, mais qu’il est difficile de voir, qui déclame des poèmes, dit-on au Japon. Le guano de cet oiseau est ajouté au maquillage utilisé par les acteurs de kabuki pour illuminer leur teint. »
Et puis cette image qui revient à intervalles dans le beau livre de Charles Dantzig A propos des chefs-d’œuvre (Grasset, 2013):
« (…) Assez des douleurs d’enfance qui ne passent jamais, même quand on les tourne au sourire. Loin des bœufs, loin des bœufs. Le sait-on, que c’est un des combats de la vie, celui des bœufs contre les rossignols? Les seconds n’ont pourtant rien fait aux premiers! Mais si. Ils chantent. Ils ne prennent pas la mine modeste. Ils sont réfugiés dans les chefs-d’œuvre où ils chantent encore plus étourdiment, comme s’il n’y avait que leur saleté de littérature au monde. »
Si j’étais bouddhiste, j’aimerais me réincarner en rossignol (bon, oui, je sais, c’est très « fleur bleue »… surtout pour un chat!).
Dans un monde sans mélancolie, les rossignols se mettraient à roter.
Emil Michel Cioran (extrait de Syllogismes de l’amertume).
Illustration: Pete Walkde/Flickr.
Comme vous, cher monsieur Lorgnon, j’aime écouter chanter le rossignol, surtout à la tombée du jour, mais je préfèrerais me réincarner en virus H1N1 et consorts, par amour pour les arbres.
La nouvelle forêt vierge s’étendra de New-York à Doha, m’a dit la chèvre en consultant les augures ce matin. Il faut favoriser la croissance végétale, a-t-elle ajouté en mâchonnant le mât principal.
NB: la corneille enchante également le néphélibate mélancolique.
Alors si c’est la chèvre qui l’a dit: lorgnon bas!
J’ai aussi une tendresse pour les corneilles, corbeaux, freux… Ils sont beaucoup moins bêtes que les hommes.