Je sais, je sais, « tout fout le camp », « avant c’était mieux », etc. (« Sucez-vous le pouce… » lance Michel Serres aux « grands-papas ronchons »), n’empêche, Alexandre est Grand!
« On ne sait plus ce qu’ont été les choses. Elles ne sont plus. La Noël se vend deux mois d’avance. Il faut relire Pourrat pour la retrouver. On ne sait plus ce que purent être une pomme, une rose, une bague, voire un âne, un pâté. C’étaient des trésors spirituels. Ils brillent dans l’ombre du vieux temps, désirs du cœur, désirs de l’âme, hautes récompenses de longues vertus, plaisirs profonds et presque abstraits. On ne sait plus ce que furent la polaire, les Trois Rois, l’étoile du Bouvier. Ni cette « tranquillité » de la neige de minuit, qui fut une sérénité de l’âme. Ni cette « grande nuit d’astres et d’anges » qui prit une odeur de jardin quand passa l’étoile du berger.
Nous avions tous au fond du cœur je ne sais quel arbre de Noël que les marchands ont mis en vente. Tant pis pour lui, tant pis pour nous, tant pis pour eux. Tout ne se reboise pas. »
Alexandre Vialatte (extrait de sa chronique « Chronique des nains en céramique », 1967).
Illustration: Photographie de Jason Hindley.
Et l’orange de Noël de Guéhenno qui était si précieuse qu’on attendait pour la consommer et qui pourrissait avant !
🙂
Différentes époques,
Différentes atmosphères ;
Voilà ce que m’évoquent
Mes journées passées sur la terre.
Seuls demeurent des parfums
Et dans l’air quelques musiques,
Dans les cendres du matin
Au soir des brasiers fantastiques.
Je pousse mes souvenirs
Au plus haut sur la balançoire,
Je m’enivre de rires
Qui résonnent au fond de ma mémoire.
Hé, c’est l’heure de dormir
Il faut aller mourir grand père,
J’y vais avec plaisir,
J’emmène avec moi de quoi me distraire.