Lu dans Immédiatement de Dominique De Roux, (La Table Ronde, 1995) :
« Même ici, Rabat, où pousse la rose en hiver, on navigue dans le sapin de Noël, banalités des fêtes, banalisations sentimentales. C’est Lyautey (le maréchal) qui serait content dans ce Hilton vide où traînent des dizaines de petits grooms, tous ces culs d’Arabes jusqu’au sang. Il aurait sec planté sa tente. Et ces turqueries, mosqueteries, maroquineries pour comice français, le genre cairouan, le cuivre, l’ouvragé cuivre, les plateaux. Et la piété coloniale qui remonte de partout, le Français du Maroc, bourgeoisie qui parade, surtout les femmes, idiotes, baveuses de stupidité, rêvant toutes d’un amant frère du roi ou au moins secrétaire de l’émir du Koweït ou, à défaut, de Gunter Sachs. Il faut aller dans le désert pour ne pas entendre bramer la France des sucriers et des colons, pour ne pas voir le dromadaire qui attend Madame, pour se souvenir d’un certain Maroc à boyaux de lynx, qui allait chercher de l’eau en Espagne. Mais les femmes marocaines sont belles, brunes, hautes et minces avec de durs visages de buis sombre, sauf l’œil qui sait se couler au loin. Et à force de marcher elles ont seins et culs splendides. Pas de lascivités, pas de cochonneries telles que le rêve le touriste débarqué de ses villes mortes.
Rabat. Les jeunes femmes de la grande bourgeoisie marocaine que je rencontre à ce dîner chez les S. Bijoux, vison, Mercedes, à vingt ans. Même les études font partie du snobisme. »
Ceux qui ont été « VSNA », ou « coopérants culturels » (enseignants) au Maroc dans les années 70-80, apprécieront…
Illustration: le Sultan Alaouite Moulay Youssef en discussion avec Lyautey premier résident général français du Maroc.