« Proust a écrit des milliers de pages pour apprivoi­ser un sommeil qui se refusait à lui enfant, lorsque sa mère n’entrait pas dans la chambre pour l’em­brasser. Sur un plateau de la balance, un seul baiser manquant. Sur l’autre plateau, des nuits blanchies à l’encre, tous les écrits du monde. Il est évident que le premier plateau est plus lourd que le second. La littérature insomniaque ne consolera jamais de l’absence d’un amour donnant à notre visage lumière de repos. »

Lisant cette réflexion de Christian Bobin (audacieux résumé de La Recherche par ailleurs), je me suis demandé concernant certains hommes (femmes) politiques quelle insoutenable légèreté était tombée sur le plateau de la balance pour expliquer les tonnes d’actions, tractations, trahisons, concessions à verser une vie durant pour rétablir un semblant d’équilibre.

Illustration: « La femme portant une balance » (détail), Jan Vermeer.

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Patrick Corneau