Comme contrepoint au grand déballage politico-médiatique en cours (DSK, Tron, Ferry) quelques notes prises au cours de l’émission Répliques (France Culture) « Sommes nous encore un peuple politique? » du samedi 4 juin 2011 avec Vincent Peillon, philosophe et homme politique et Patrice Gueniffey, directeur d’études à l’école des hautes études en sciences sociales.

L’indignation, c’est l’émotion portée à son comble: « indignez-vous! » parce que l’action ne rencontre plus d’obstacles tangibles si ce n’est des adversaires (qui veulent « sacrifier l’héritage de la Résistance », « démanteler l’état providence », etc.) et qu’il faut dénoncer. L’indignation serait-elle un état de la post-politique? Dans les régimes totalitaires, les citoyens sont invités à s’indigner contre des ennemis supposés ou réels. Dans la propagande nazie on donne aux citoyens des sujets d’indignation: crier à la vindicte contre tel ou tel, stigmatiser telle ou telle communauté. Car les totalitarismes sont des états post-politiques dans lesquels il n’y a pas de place pour la politique comme expression et démarche réflexive. Il semblerait alors que ce qui reste de la politique ce sont ses passions mauvaises : l’indignation, la dénonciation, l’excommunication, l’esprit de guerre civile, etc. Ce théâtre révolutionnaire des « passions simples » ne fait pas un projet, ne fait pas une action. Par ailleurs chez Stéphane Hessel (Indignez-vous! Ed. Indigène, 2010) et ses admirateurs la mise en scène de l’indignation semble plus importante que ce contre quoi elle s’élève, et toutes les manifestations d’émotions dans la politique participent du même phénomène de mise en scène d’un affect (parfois au détriment ou dans l’oubli de ce qui l’a généré). Ce qui a existé comme moteur d’une tragédie de l’action sous la Révolution française réapparaît aujourd’hui comme farce ou comédie dans les médias.

Un commentaire éclairant de Vincent Peillon De l’indignation

Illustration: photographie d’Olivier SIMARD/Flickr

  1. Rodrigue says:

    Il y a une indignation et même une colère qui est juste, saine, et ne débouche nullement sur la haine, comme on a parfois voulu en agiter le danger. Cette indignation est liée à l’injustice. L’injustice peut et doit se réparer. On ne voit même pas comment elle pourrait indéfiniment perdurer.

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Patrick Corneau