« Les portes de la Solitude sont des portes monumentales… Il y en a une à Font-d’Hurle (c’est un haut plateau, dans le Vercors); elle est en bois, à claire-voie, longue, basse, encastrée dans rien. Il n’y a rien à droite, rien à gauche, pas un mur, pas un fil de fer, rien par-devant, rien par-derrière, si loin que s’étende la vue ; seulement cette inscription grandiose : « Prière aux visiteurs de refermer derrière eux. » On ne saurait mieux dire à l’homme que, d’où qu’il vienne et où qu’il aille, il ne peut jamais ouvrir ou fermer que sur soi. Et ce qu’il y a de plus paradoxal, c’est que, précisément parce que c’est inutile (ou alors pourquoi ?… je ne sais pas), on se donne la peine de passer par la porte (Kafka en eût fait dix volumes), d’entrer dans un endroit où l’on se tient déjà! »
Alexandre Vialatte, extrait de Mgr Sahara par René Dupuy, chronique de La Montagne, 22 décembre 1955.
Musique: Days of Wine and Roses, composition de Henry Mancini dans la bouleversante interprétation de Charles Lloyd (1965), saxophone ténor avec Don Friedman, piano, Eddie Khan, basse et Roy Haynes, batterie.
Illustration: Fabio&Elisa photography’s/Flickr
excellente cette photo
elle pose de nombreuses et essentielles questions
sur nos limites, incertaines
sur ce qui, croyons-nous, nous sépare les uns des autres
est-ce si sûr ????
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