Florilège morandien: 

Une femme, c’est un être humain. Mais surprenez deux commères, parlant ensemble, sans vous voir: ce ne sont que deux enfants, deux souris, ou deux chattes, ou deux mouches.parallaxe2.1268043924.JPG

Si l’amour, c’est le sacrifice, la première chose qu’il faudra lui sacrifier, parce que la plus précieuse, c’est la liberté. La liberté inconcevable chez la femme, dont tout l’être,  physique et moral, c’est retenir, garder, défendre contre, détenir, surveiller, soigner, séquestrer, réserver, engeôlage et enjôler (plusieurs pages sur chaque nuance, représentée par ces mots-là, tous semblables et différents). L’amour libre inexistant, sauf, peut-être, dans l’extrême vieillesse, ou chez quelques natures supérieures.

Presque toutes les femmes m’ont fait des reproches. Josette trop petite n’osait pas. Elle a attendu 25 ans: elle a alors renoué, pour me les ressasser tous à la file. Une seule femme (à part une scène de colère pour un rendez-vous manqué, par malentendu), M. ne m’en a jamais fait. Et pourtant, elle m’aimait. Ou les femmes tiennent mal à vous, et c’est ennuyeux, ou elles vous aiment, se plaignent, et c’est excédant.

Avec les femmes, on ne sait jamais où on en est. Une arrive charmante: il suffit d’un mot malheureux: une furie. Une autre en colère: 1/4 d’heure plus tard, charmante. Celle-ci, d’aspect rébarbatif: une mouilleuse immédiate; celle-là, aguichante: n’arrive pas à jouir. Jusqu’à l’anatomie, si trompeuse: leur clitoris fuit sous le doigt, n’est jamais où on le cherche. À tel point que la femme doit souvent aider (du genre: “c’est là… oui, tu y es”, etc.)

Les femmes ont besoin d’un homme pour se persuader qu’elles existent, pour jouir, mais d’elles-mêmes.
Les femmes se vengent sur l’homme d’avoir besoin de lui pour exister.

Paul Morand, extraits de Journal inutile (tome 1: 1968-1972/tome 2: 1973-1976), Gallimard.

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Illustration: Photographie de parallax(e)/Flickr


  1. Armelle says:

    Je suis d’accord avec Le Chasse Clou quand il parle de vulgarité insigne. Plutôt citer François 1er qui avait le sens de la formule et avait résumé l’affaire en une seule ligne
    « Souvent femme varie. Et bien fol qui s’y fie ». C’est plus élégant et plus joli… pour autant, il semblerait que rien n’a changé, les femmes sont restées imprévisibles mais charmantes …

  2. Mounier Nicole says:

    Mais M. Paul Morand n’a pas dû se relire ou bien était-il dans un mauvais moment, plein d’amertume, sans amoureuse près de lui, incapable d’ aimer encore!
    Car, ce qu’il dénonce chez la femme est véritablement ce que l’on peut constater aussi chez les hommes, je trouve! J’en connais qui ont toujours des colères, qui sont capables d’être très versatiles; de changer d’humeur au gré de leurs désirs!!!
    J’en connais même qui sont sexuellement décevants, alors qu’ils promettaient les plus belles extases…
    P. Morand n’a pas été capable de voir et de « lire » les hommes aussi bien que les femmes, ce qui est un peu inquiétant pour un écrivain…

  3. Texte très mal écrit, qui, en plus, énonce des inepties. Les critiques faites à la femme (car ce sont bien des critiques stigmatisant un genre en particulier) peuvent être faites à l’homme.

    Et cessez de séparer hommes et femmes par leurs sexes ; c’est affligeant, inutile, et anachronique.

  4. patrick says:

    « Mal écrit » ? Ce sont des traits, des flèches décochées sous l’impulsion de l’aigreur. J’aime assez ces colères. L’égalité d’humeur ennuie, quand elle n’effraie pas. Et puis c’est si drôle… Bon, si ça passe.

    « Les critiques faites à la femme (…) peuvent être faites à l’homme. » Evidemment. Eût-il été homosexuel, Morand aurait parlé en des termes similaires de ses amants. En tout cas si j’avais le talent de Morand dans la méchanceté, je le ferais pareillement. Voilà pourquoi ce ne sont PAS « des critiques stigmatisant un genre en particulier ». Ces extraient parlent davantage de l’amour que des femmes. Pour Morand, les deux se confondent, c’est ici son erreur, au fond assez charmante.

    Chapeau au Lorgnon pour la provocation de jeter ces bribes sans les commenter ! 😉

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Patrick Corneau