cmillet0.1258539885.jpg« Il existe en région parisienne deux stations-service équipées de jets de salissage. Il s’agit de dispositifs du genre Karcher destinés non pas à nettoyer les carrosseries, mais au contraire à les salir, en projetant de l’eau mêlée de boue synthétique. Les clients en sont des cadres dynamiques et très urbains, possesseurs de véhicules tout-terrain. Ces 4 x 4 sont bien évidemment conçus pour participer à des rallyes africains, et ne se trouvent aucunement adaptés à quelques petits trajets quotidiens entre la place de la Concorde et Neuilly. Aussi, autant pour justifier l’utilisation de tels véhicules – lesquels sont parfois équipés de pelles de désensablement et de jerricans de sécurité – que pour éviter la honte du bluff le plus grotesque, les conducteurs en question font-ils salir leur véhicule d’aventurier pour faire comme si… Comme si, en effet, ils risquaient leur vie chaque week-end dans le désert du Néguev. » Jean-Yves Jouannais, Artistes sans œuvres, Ed. Verticales, 2009, pp. 201-202.

hmorganlettrine2.1258540120.jpg

Catherine Millet était récemment l’invitée sur France2 de l’émission Complément d’enquête sur le thème: “Sexe: enquête sur ces Français qui ont besoin d’amour”. En l’écoutant nous convier à d’émouvantes excursions dans les turpitudes de sa vie sexuelle, superposant douteusement la soi-disant psyché “trouble” de l’écrivain et la pulsion voyeuriste du téléspectateur, tout, le discours, le physique (fort conventionnels et, convenons, pas très sensuels de la dame) faisait penser à une entreprise de salissage artificiel. L’anecdote de Jouannais – par coïncidence (?) son collaborateur chez Art Press – me parut soudain une lumineuse métaphore pour illustrer cette formidable et possible imposture dont la formule pourrait être: sexe, mensonge + vide-ego = jackpot éditorial (2.400.000 ouvrages vendus, selon l’auteur: « autant que la Bible »). Bingo!

Illustration: documents France 2


  1. Catherine Millet aime les capots de voiture comme divans de passage.

    Elle adore les bleu-bites (je parle bien du sens « militaire » de ce mot) et dispose d’une garde-robe dont elle entretient soigneusement les salopettes plus ou moins usagées.

    La photo de couverture, en Folio, de sa « vie sexuelle » était plus attractive que celle montrée ici, enfoncée sur son séant.

    Son livre « biblique » tombe parfois des mains.

Laisser un commentaire

Patrick Corneau