hmorganlettrine2.1252593881.jpg12700419.1252613967.jpgLa télévision c’est toujours pire ou mieux que ce qu’en dit Télérama. Parfois, c’est du bon et même du très bon, du nanan comme avant-hier soir avec le retour pour la 2nde fois de la série Boulevard du Palais. Les personnages ont vieilli (la HD est impitoyable). Comme les fruits défendus on ne sait s’ils ont mûri ou pourri… En tous cas, ils nous reviennent avec une profondeur humaine qui enrichit la fiction: l’inénarrable Jean-François Balmer en Rovère plus cassé, plus « foutu », plus désillusionné et donc plus touchant que jamais; le commandant s’accroche davantage à sa fiasque, son feutre est encore plus cabossé, ses vêtements plus informes, mais l’œil reste vif sous une paupière que plisse des hennissements sarcastiques face à l’horreur qu’il remue (« nous sommes des taupes qui creusons à l’aveugle dans la merde »). La juge Nadia (Anne Richard), si elle a perdu en féminité, a gardé la rage, la passion d’une justice qui serait justesse: elle ferraille contre sa hiérarchie, dénonce les absurdités, préséances, passe-droits d’une administration vétilleuse et aveugle; ses joutes avec l’électron libre Balmer-Rovère sont exquises; empêtrée dans des affaires sentimentales toujours plus tordues, on voit bien qu’elle n’entrera jamais dans « la chambre des noces ». Pluvinage, le médecin légiste (Olivier Saladin) un ex des-chiens de la meilleure cuvée fait penser à un vieux sage romain qui aurait lu Le silence du corps de Guido Ceronetti. Toute l’équipe est formidable: Philippe Ambrosini interprète un Lieutenant Dimeglio bien énervé, on a l’impression de voir Nicolas Sarkozy déguisé en flic de base (tutoiement, parler banlieusard, coup de menton, etc.) – impressionnant! Même la petite greffière est parfaite avec ses airs entendus et ses doigts qui tapent plus vite que les paroles des prévenus…
Une amie brésilienne experte es-télénovela, me dit que les séries françaises sont parmi les meilleures au monde… après les américaines! Alors que le PAF le sache, le dise et se le dise!

Illustration: ©Télérama (quand même)

  1. Didier da says:

    Vous oubliez les anglaises (je suis pour ma part un inconditionnel de Doctor Who). J’aime beaucoup Balmer depuis que je l’ai vu jouer un merveilleux Alceste (Jacques Weber l’avait filmé il y a bien dix ans pour Canal+, en direct, pour un soirée télé mémorable – mais elles sont tout de même bien rares. Je me rappelle que Philippe Khorsand jouait Philinte et Marie Trintignant Arsinoé… tous deux sont morts depuis…)

  2. Didier da says:

    …vérification faite, c’était en 1994 ! J’avais vingt ans. Weber mettait en scène et Mathias Ledoux réalisait.

    D’accord pour les séries britanniques dont certaines sont excellentes (je fus par le passé un inconditionnel de « Destination danger »), je connais moins bien les production récentes, un « Mistresses » sur Arte ne m’a dernièrement pas convaincu. 🙂

  3. Interzone says:

    En effet, Boulevard du Palais est probablement la meilleure série française. Elle doit beaucoup à l’interprétation magistrale du rôle de Rovère par ce grand comédien qu’est Jean-François Balmer. Une pensée aussi pour le créateur des personnages, Thierry Jonquet, qui nous manque comme auteur et comme conscience.
    Au chapitre des productions britanniques, MI-5 (Spooks), excellente série d’espionnage à l’anglaise.

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Patrick Corneau