On a bien publié les notes de blanchisserie de Baudelaire dans la Pléïade…
Bon, le Marin de Viry est sorti. Je ne sais s’il aura le même destin que Le Matin des magiciens de Louis Pauwels et Jacques Bergier, considéré en 1960 comme le manifeste du réalisme fantastique mais il se pourrait qu’il soit l’esquisse d’une abrutilogie, d’une phénomènologie de l’abrutissement, science nouvelle qui serait l’analyse de « la torpeur abrutie dans le champ immense des insuffisances intellectuelles et morales ».
Postulant que « L’omme est né divin mais que partout il est abruti », l’auteur annonce son projet comme suit: « On voit des ouvrages sur la vulgarité, la bêtise, la bassesse, les sept péchés capitaux, mais peu sur l’abrutissement, car c’est un état gazeux, premier, qui conditionne les autres corruptions de l’esprit. C’est le micro-climat nécessaire à la déchéance spirituelle. L’abrutissement ne produit rien, mais sans lui rien de mauvais ne se produit. C’est un état de conscience caractérisé par l’omission de penser. En cela il devient la structure d’accueil de tous les vices, qui s’insinuent dans l’esprit par toutes les portes laissées sans sentinelles. »
Toi, l’abruti (nous le sommes « presque » tous « parfois », y compris Marin de Viry), sors de ta torpeur, lis vite ce livre de saine philosophie!
Illustration: ©Lelorgonmélancolique et J.-C. Lattès/Sempé
Je ne crois pas que je lirai cet ouvrage, parce que je suis un peu lasse des abrutis (y compris parfois de mon propre abrutissement). Et puis le dessin de Sempé, magistral, suffit.
Oui, je suis d’accord. Toute l’oeuvre de Sempé est un magistral commentaire imagé des travers de notre société et de ses « abrutis »… 😉
Moi je pense acheter le livre. Je viens justement d’entendre l’auteur à Europe 1 et il a bien présenté le livre. Tout cela relève d’un sujet sérieux mais est à prendre avec des pincettes et est écrit avec je pense un second degré. Il doit y avoir beaucoup d’humour sur l’être humain d’aujourd’hui dans ce livre. J’espère que beaucoup de gens achèteront ce genre de livre afin de faire une sorte d’introspection, de se déconnecter de leur vie et de savoir porter une critique réelle sur eux même et leur conditionnement pour lequel ils acquiescent.
Je l’ai acheté. Je l’ai lu en une soirée. Très roborative lecture qui a le double mérite de ne pas se prendre pour un chef d’oeuvre (l’enfer de la médiocrité littéraire française contemporaine est pavé de prétendus chefs d’oeuvre d’illustres nouveaux noms oubliés dès la fin de la saison des très surfaits prix) et de déconstruire avec humour mais non sans finesse la façon dont l’idéologie consumériste, sous couvert de démocratie conviviale transcendant des idéologies surannées (surtout celles de gauche… c’est bien connu, le capitalisme n’est pas une idéologie : c’est la vérité révélée) endort les consciences.