Alors que l’INSEE vient de publier ses chiffres qui montrent un état de RECESSION flagrant, patent, Jean François Coppé parle d’un banal « ralentissement de l’économie« , son confrère de l’UMP, le député Frédéric Lefebvre, va nettement plus loin: « la prévision, c’est une croissance molle pour l’année avec un passage récessif. » Le ministre du budget Eric Woerth, avec un léger rictus de gêne laborieusement masqué par l’assertivité du ton de la voix, déclare, professoral: « Il y a eu deux trimestres en croissance négative, ça s’appelle une récession technique (sic)… »
Toutes ces contorsions linguistiques me rappellent les propos avant l’été d’un dirigeant éminent du mouvement olympique, qui regrettait, à propos des manifestations qui accueillaient le passage de la flamme olympique dans les pays démocratiques, que « nous ne (soyons) pas du tout dans une dynamique de cessation (de ces manifestations) ».
Une dynamique de cessation de récession, voilà ce qui pourrait relever le « moral des ménages ». C’est ça la « positive attitude »…
Illustration: photographie de Le Galapiat/Flickr
Pour le pouvoir, tout est dans les mots. Pour le peuple, tout est dans les maux.
Récession : ne cédons pas à la panique ! (qu’ils nous disent…)
Petite occasion de briller en société : saviez-vous que céder et récession ont la même origine ?
Récession c’est recedere en latin : re pour indiquer un mouvement arrière (recule, retire…), et cedere pour aller (qui s’est transformé en « s’en aller », puis « céder » au fil du temps). Littéralement, cela donne donc « céder en arrière ».
Le terme récession n’est pas réservé au domaine économique : on l’utilise également en astronomie (éloignement des galaxies les unes par rapport aux autres), et en sciences de la terre (décrue).
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