andreipopescu.1200408451.jpgLe Seuil vient de republier Fragments d’un discours amoureux de Roland Bathes, précédé du séminaire à l’Ecole pratique des hautes études (1974-1976) sur le discours amoureux. Je viens de relire ce texte avec un plaisir sans mélange. Werther bien sûr est le modèle romantique de l’amoureux qui sert de « patron » à Barthes. Goethe reste LA référence. Mais une certaine mélancolie à penser que ce voyage à travers l’épreuve sentimentale a disparu avec les livres de Kundera et son parti-pris d’opposer le « libertin » au « romantique », sous-entendez intelligence distanciée contre sentimentalisme mièvre. La question centrale du kitsch, passée au feu de l’ironie chez Kundera, est traitée par Barthes comme une solitude, une déréliction, le propre de l’amoureux perdu. L’amoureux transi qui « adhère », n’a pas de distance avec la douleur, a envie de pleurer, etc. fait rire les gens « libérés ». L’amoureux est définitivement kitsch, il vit dans le pathos, ses petites tragédies le rendent ridicule. Barthes avait coutume de dire: « Nous deux est plus obscène que Sade », ce que confirmera n’importe quel habitué des telenovela brésiliennes… Remarque beaucoup plus intéressante que les poussives confrontations de l’auteur de la Plaisanterie, une des grandes victimes littéraires du communisme, emporté avec l’obsolescence de ce dernier.

Illustration: « Honey, I’m home… », photographie de Andrei Popescu

  1. gmc says:

    KITSCH ET SANS PITIE

    Nous deux est obscène
    Comme un souffle de diamant
    Porté par le vent des tempêtes pourpres

    Nous deux est le tranchant du laser
    Quand il décapite les vanités
    Sans faire une seule tache de sang

    Nous deux est un baiser onctueux
    Entre une braise de corail
    Et la glace du feu

    Nous deux sourit sans cesse
    Au couteau ou à la hache
    Des vers au bout de la langue
    Pour incendier les alentours
    Où les pompiers sont puérils
    Qui pleurent leur incendie raté
    Quand ils croient en médire

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Patrick Corneau