smoking.1198086507.jpgEn voyant approcher la date fatidique du 1er janvier où le tabac sera mis définitivement hors-la-loi, je ne peux m’empêcher de penser que ce sont là les derniers espaces de liberté qui tombent. La liberté de pouvoir disposer de sa santé ou non-santé sera bientôt un souvenir de « normalisé ». C’est avec une certaine mélancolie que je vois se rassembler au pied des immeubles ces résistants au moule du « médicalement correct ». J’imagine qu’entre ces « derniers des Mohicans » qui se serrent autour du calumet de la non-paix sanitaire se nouent d’intéressantes complicités, le partage vibrant d’une cause irrémédiablement perdue, la satisfaction contenue de n’avoir pas (encore) « plié » devant les intimidations gouvernementales. J’ai cessé de fumer il y a maintenant cinq ans, j’appartiens donc à la majorité « responsable » des sujets à moindre risque. Sans joie, sans fierté…

Illustration: photographie de Massi Cricco

  1. Danalia says:

    Moi aussi, j’ai cessé de fumer depuis longtemps, par raison (car je suis asthmatique). J’aime toujours l’odeur de la cigarette blonde qu’on allume près de moi, mais lorsque je suis au restaurant et qu’à la table voisine un couple n’arrête pas de fumer, mon repas est quelque peu gâché ; lorsque je vais écouter un ami pianiste de jazz jouer en trio dans une « boîte » et que les yeux me piquent, que mes cheveux et mes vêtements sont imbibés de fumée et, surtout, que ma voix est enrouée le lendemain et ma gorge douloureuse (je suis chanteuse)… cela me gâche un peu le plaisir. Alors : liberté, oui, mais de quoi ? On accuse les non-fumeurs d’intolérance. Mais les fumeurs ne sont pas toujours attentifs. Certes, ils peuvent s’abîmer les poumons s’ils le désirent vraiment, mais je refuse d’avaler de force une fumée qui me fait du mal… C’est moi qui me sens victime, car je n’ai pas la liberté d’entrer dans tel café ou restaurant, parce qu’il est enfumé… Par ailleurs, je sais bien que certains sont « accros » au tabac et ne peuvent s’arrêter ; depuis que j’ai appris que les fabricants mélangent au tabac certaines substances qui rendent dépendant, cela me révolte encore plus… Le problème n’est-il pas là ? Et l’hypocrisie du système ? Pardon pour ce long message, un peu brouillon peut-être…

    Merci pour ce long commentaire. Tout ce que vous dites là j’aurais pu l’écrire (je le partage donc). Mais tel n’était pas mon propos. Je voulais simplement réagir à l’ostracisation des fumeurs, épiphénomène rémanent dans notre société qui « boucémissarise » tous azimuts, veut, cherche et trouve continuellement des coupables pour tous ses maux. L’empire du Bien et son allié, le principe de précaution, s’étendent toujours davantage, mais sait-on vraiment quel en est le prix à payer pour l’individu, sa liberté de choix et, au fond, l’irréductibilité de ses désirs? 😉

  2. Qui dit interdiction dit aussi établisement de « permis » : je m’étais amusé à en faire un jour une liste, sans doute non exhaustive :

    http://dominiquehasselmann.blog.lemonde.fr/2007/09/24/permis-en-tous-genres/

    J’ai vu dans « Le Monde » daté 30-31/12 que l’utilisation des pétards était interdite le soir de la Saint-Sylvestre à Paris. Mais pourquoi pas aussi le champagne (on peut recevoir un bouchon dans l’oeil de la part de quelqu’un d’inexpérimenté dans le domaine) et tous les alcools qui mènent à des comportement irresponsables ?

    Et puis il suffirait d’interdire aux gens de sortir de chez eux pour éviter tout incident…

    Même la liberté dans la tête serait une menace à l’ordre public !

    Bonne année pas trop mélancolique.

    Effectivement plus les interdictions tombent et plus s’étend le registre des « Permis de… », il faudra donc bientôt envisager un ministre de l’Intérieur, de l’Outre-Mer, Collectivités territoriales et des Permissions (à moins que ce soit le ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement qui s’en charge ?). Bonne année à vous aussi (avec beaucoup de clous à chasser, ce qui ne devrait pas manquer… et, surtout, constance et énergie dans le maniement de l’outil !) 😉

  3. Cécile says:

    Bonne année à vous ! (en y pensant, il me semble que je vous lis depuis plus d’un an ? 🙂
    Sinon un ouvrage très intéressant concernant le tabac : « Le rideau de fumée, les méthodes secrètes de l’industrie du tabac », de Gérard Dubois. Il s’agit du livre qui m’a fait prendre conscience que l’association du tabac et de la notion de liberté était le fait des publicitaires…

    Merci pour vos voeux et votre fidélité (ce blog a effectivement plus d’un an, je crois l’avoir démarré fin novembre 2006), bien sûr, en retour, tous mes voeux les meilleurs. Oui, je ne suis pas surpris par ce tour de passe-passe des publicitaires: toutes les arguments sont bons pour « naturaliser » les formes de servitude volontaire! 

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Patrick Corneau