1971169-md.1193820611.jpg Le Figaro: Et la réalité est…
Woody Allen:
Absurde. Dénuée de sens. En cela, elle est foncièrement tragique, avec des moments amusants, à la surface. Il y a des gens qui ont de la chance, d’autres qui n’en ont pas, ils voyagent dans des trains différents, mais c’est la même destination. On devient vieux, malade, on meurt. Tout ce qu’on a été, tout ce qu’on a fait aboutit au néant. Bergman est mort, c’est fini.
Le Figaro:
Il reste tout de même son œuvre?
Woody Allen:
Mais je l’apprécie parce que je suis vivant. Quand je serai mort, les grandes oeuvres ne me seront rien. L’art, la religion, la famille, tout est illusion puisque rien ne vous sauve, à la fin.
Le Figaro: (…)
Si le monde est absurde, pourquoi s’inquiéter de morale comme vous le faites dans Le Rêve de Cassandre*?
Woody Allen: Le fait que la vie soit privée de sens ne la prive pas de morale. Il faut au contraire s’aider les uns les autres à prendre les bonnes décisions morales. C’est facile à dire, évidemment, et difficile à faire. Mais c’est très important d’essayer. Plus l’existence est déprimante, plus on a besoin les uns des autres.

Extrait du Figaro du 31 octobre 2007: «Woody Allen: « Mon premier amour, c’est la tragédie »», propos recueillis par MARIE-NOËLLE TRANCHANT.
*Le Rêve de Cassandre: Drame de Woody Allen avec Ewan McGregor, Colin Farrell, Tom Wilkinson. Durée : 1 h 48.

Different trains : oeuvre de Steve Reich (1988) pour quatuor à cordes et bande magnétique (cliquer sur l’image pour écouter un extrait).

Illustration: « Trains #7 », photographie de Dom Forte.

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Patrick Corneau