Il paraît… C’est le titre d’un petit livre* que les éditions Cent Pages ont publié en 2004. On n’est jamais déçu avec cette iconoclaste maison d’édition grenobloise. L’auteur Goria proposait quatre cent quarante « il paraît » inspirés d’informations parues dans la presse ou entendus à la radio qui se transforment sous sa plume en nouvelles de une à quatre lignes. Une sorte de réécritures des dépêches de l’AFP à la manière du I remember (« Je me souviens ») de l’américain Joe Brainard qui fut l’inventeur de la formule magique avant Georges Perec. Ce procédé littéraire répétitif et inépuisable révèle avec ces « il paraît » toute l’amplitude du flot d’informations auxquelles nous sommes quotidiennement confrontés. Il révèle aussi la poésie drolatique de ces micro-évènements jusqu’à les transformer en véritables haïkus: « Il paraît que les flamants roses sont roses car ils mangent beaucoup de crevettes. »
Je propose d’accommoder à ma façon, selon mes rencontres de lecture, ce procédé…
*Il paraît de Goria, éditions Cent pages, 2004.
IL PARAÎT qu’en Grèce quand on racontait un mythe, on commençait son récit par: « On dit que ».
IL PARAÎT que la seule mention d’un vin dans les trois mille pages de la Recherche est celle du sauternes, quand le narrateur rend visite à Saint-Loup, et partage son repas au mess des officiers.
IL PARAÎT que les abeilles produisent davantage de miel qu’il ne leur en faut.
IL PARAÎT que les mouches existent depuis bien plus longtemps que nous (18 millions d’années) et que leur « lignée » survivra peut-être bien à la nôtre.
IL PARAÎT que le jaune fut longtemps considéré comme une couleur maudite, réputée impure, et même infamante.
IL PARAÎT qu’à la fin du XVe siècle en Arménie, on a obligé les chrétiens à porter un insigne de couleur bleue.
Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique.