Seul Vialatte a su trouver les mots pour évoquer la magie des saisons passées et toute la poésie des fêtes, célébrations qui enchantèrent nos enfances…
« La poésie, c’est le début de l’année. C’est les Rois mages avec leurs couronnes d’or, l’encens, la myrrhe, les robes rouges, les robes jaunes, le chameau à l’œil dédaigneux, avec son profil de vieille dame, et son cou comme un tuyau de pompe. Et le nègre; surtout le nègre; à cause de sa robe verte.
Et tout le mois de janvier est comme ça. Comme un Breughel; les enfants qui patinent, la vapeur qui leur sort du nez, le ciel noir, la terre blanche, les peupliers tout nus; le schlitteur en bonnet de fourrure; rien de plus charmant que les images de l’hiver.
Surtout quand on les voit de l’auberge, à travers une petite fenêtre. Devant un grog fumant où nage un citron pâle.
Quand on a eu bien froid et qu’on aura bien chaud. »
Alexandre Vialatte, « La poésie, c’est le mois de janvier », La Montagne, 9 janvier 1964.
Illustration: « Le dénombrement de Bethléem », Pieter Brueghel Le Jeune (1564-1638).
« Quand on a eu bien froid et qu’on aura bien chaud » , tout est dit, merci pour cet extrait de Vialatte.
Merci à vous d’apprécier Vialatte, celui qui s’annonçait ainsi: « Je me présente : Vialatte, écrivain notoirement méconnu ».
🙂