1778148-mdO lecteur n’as-tu jamais constaté sur toi l’indéniable sédation que procure l’écran de consultation, dont la luminosité en quelque sorte t’enveloppe et t’attire en elle-même durant les heures de navigation dans l’internité; qui te diffuse plaisamment dans le système nerveux les émissions lumineuses de l’arrière-monde où c’est exactement comme dans les contes: tous tes vœux à l’instant sont exaucés; qui t’irradie agréablement de sa sollicitude inconditionnelle, qui ne te juge pas, qui te dispense aussitôt l’objet de ta convoitise, qui ne te demande rien que d’être ce que tu es avec tes désirs; qui dans la classification de Lewin rejoindrait le groupe des Euphorica, comme propre à procurer des impressions cérébrales agréables, une impression de bien-être intime indifférent à tout ce qui ne se rapporte pas au soi présent, dans cette calme luminosité de l’écran où disparaît le contexte, la conscience périphérique du lieu et des cohabitants, du temps qu’il fait dehors, que ce soit le jour ou la nuit.

hmorganlettrine2Librement adapté d’un paragraphe de « Au fond de la couche gazeuse V » de Baudouin de Bodinat, Fario 14, février 2015.

 

Illustration: Origine inconnue.

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Patrick Corneau