VIVIAN MAIERhmorganlettrine2La fascination de l’homme pour l’animal est par elle-même fascinante. On se met à suspecter toute créature sans langage et jusqu’ici épargnée par quelque forme de dressage, de détenir un secret, voire de vivre dans la béatitude du Paradis. Et cela, explique Nietzsche avec la clairvoyance qu’il a pour ce genre de particularités, « est un spectacle éprouvant pour l’homme… L’homme demanda peut-être un jour à l’animal: ‘Pourquoi ne me parles-tu pas de ton bonheur, pourquoi restes-tu là à me regarder?’ L’animal voulut répondre, et lui dire : ‘Cela vient de ce que j’oublie immédiatement ce que je voulais dire’ – mais il oublia aussi cette réponse, et resta muet. »
[Friedrich Nietzsche, « De l’utilité et des inconvénients de l’histoire pour la vie », in Considérations inactuelles, trad. Pierre Rusch, Gallimard, « Folio Essais », Paris, 1990, p. 95.]

Illustration: photographie de Vivian Maier.

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Patrick Corneau