hmorganlunettes
Une parenthèse au court d’un article qui reflète merveilleusement un habituel d’époque ou son bruit de fond, comme aurait dit Georges Perec.

« Passer du virtuel au réel, entendu dans le sens du passage du monde numérique au monde physique, est devenu une banalité pour nous humains ZackArias1de ce début de siècle, à tel point que je regarde désormais avec admiration des jeunes de moins de vingt ans, nés donc après 1995, nés avec internet dans leur biberon déjà, je les regarde avec admiration arriver encore à marcher dans une rue en ne faisant rien d’autre que regarder: pas de réalité augmentée avec des lunettes google, pas de scannage de flash-code avec smartphone, pas de géolocalisation avec infos touristiques fournies en flux serré, ceux qui parviennent à cela sont à mon sens des héros — alors que pour ceux nés jusqu’en 1994* c’est moins difficile, car ils ont connu les promenades normales, les marches sans but, les dérives (« dérives » au sens que lui donnait Guy Debord, et pourtant je n’aime pas tellement utiliser ce mot car il me fait passer pour le debordien que je ne suis pas). Dériver avec une tablette numérique dans les mains? Non mais franchement? »
Raphaël Meltz, « Mexico: F.F.C.C. de Cuernavaca: Espionnage », Le Tigre, mai 2014.

*Né en 1975, Raphaël Meltz est écrivain, ex-directeur de la publication de l’excellent magazine Le Tigre.

Illustration: photographie de Zack Arias.

Laisser un commentaire

Patrick Corneau