« Avez-vous quelquefois réfléchi, cher vieux compagnon, à la sérénité des imbéciles? La bêtise est quelque chose d’inébranlable, rien ne l’attaque sans se briser contre elle. Elle est de la nature du granit, dure et résistante.
A Alexandrie, un certain Thompson, de Sunderland, a, sur la colonne de Pompée, écrit son nom en lettres de six pieds de haut. Cela se lit à un quart de lieue de distance… Tous les imbéciles sont plus ou moins des Thompson de Sunderland. Combien dans la vie n’en rencontre-t-on pas à ses plus belles places et sur ses angles les plus purs! Et puis, c’est qu’ils vous enfoncent toujours ; ils sont si nombreux, ils sont si heureux, ils reviennent si souvent, ils ont si bonne santé! En voyage, on en rencontre beaucoup, et déjà nous en avons dans notre souvenir une jolie collection ; mais comme ils passent vite, ils amusent.
Ce n’est pas comme dans la vie ordinaire où ils finissent par vous rendre féroces. »
Flaubert, 6 oct. 1850, Correspondance, Voyage en Orient.


Merci à JHMV de me permettre de déranger photographiquement la sérénité des imbéciles.

Illustrations: Parvis du Musée d’Orsay/façade (occultée) du Musée national de la Légion d’Honneur et l’église San Giorgio Maggiore (qui abrite la Cène du Tintoret) défigurée par la statue géante de Marc Quinn / 55ème Biennale d’art de Venise, photographies ©Lelorgnonmélancolique.

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Patrick Corneau