Pour célébrer la magnifique exposition du Musée Jacquemart-André consacrée au « roi des ciels », Eugène Boudin qui fut (aussi) un extraordinaire peintre de vaches aussi majestueuses que mélancoliquement rêveuses.
A voir jusqu’au 22 juillet sans la boutique et ses « produits dérivés« , sans livret de visite, sans audioguide, à « l’œil nu« …

 

La Vache

—————————————-A Eugène Boudin

Elle habite en son pré parmi le fol herbage,
Se déplace, se traîne, et transporte son pis
Comme au ciel attardé la blancheur d’un nuage,
Et va, brusquant soudain sa carcasse engourdie.

Poser son vaste ventre auprès d’une rivière
Captive d’un destin sans pensée ni remords,
Ainsi qu’une statue dans l’attente des pierres,
Sommeille dans son sein la tristesse des morts

– Et morne et balançant nonchalamment la tête
Elle lâche un soupir d’indifférente bête
A la terre asservie sous le manteau des jours.

Enfin quand vient le soir dans un froissement sourd
Couverte du linceul des élus de la nuit
Elle meugle en douceur de langueur et d’ennui.

Livane Pinet & Jérôme Thélot, 1991.

Illustration: Eugène Boudin, « Vaches dans un pré au bord de la mer », huile sur  toile (1880-1888), Musée d’Art moderne André Malraux, Le Havre.

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Patrick Corneau