Je me souviens de vous grands pins qui craquaient sous le soleil de juillet, je me souviens très bien de vos ombres sur le livre oublié dans le creux d’une chaise longue: grandes promenades au bord de l’eau sous un ciel métallique, et chaque seconde passait comme passe la vague, éternelle rabâcheuse avalant dans son fracas l’insouciance et l’ennui de nos jeunes années.
Instants fugitifs qui ne reviendront plus mais qui continuent cependant à remplir mon existence. Dans ma mémoire leur lumière rayonne au-dessus de ma solitude, compagne cruelle de mon enfance, cruelle, tonique et orchestrale, courageuse et désespérée. Celle-ci m’apportait un secret qui m’accompagnerait toute ma vie. Je ne savais si j’en étais fier ou honteux. Il me donnait à mes yeux une importance enviable et m’humiliait d’autre part étrangement. Surtout il me déconcertait par un curieux sentiment d’écart. Ce secret m’a donné de très bonne heure, le sens de la relativité, voire de la vanité des choses.
Le temps par vague poursuit la révélation de ce qui fut un moment de vérité.
Illustration: Royan années 60, photographie ©Lelorgnonmélancolique.
Très beau. Foi de nihiliste balnéaire !
J’allais écrire « très beau », on m’a devancé, tant pis, je répète :
Très beau.
La mer, le ciel, la plage : sensations, sentiments, secrets inoubliables.
Plus encore que votre texte, qui est magnifique, il y a cette bretelle du maillot de bain bleu sur la photographie. Elle semble froncée ou volantée et, est-ce ce bleu un peu laiteux? elle donne à cette belle peau dorée quelque chose de candide. Votre plage porte le parfum d’un temps naturel.