Il fut un temps où l’on voyait beaucoup plus de livres sur les rayonnages des bibliothèques dans les catalogues de chez Habitat, Ikea… que chez les gens « normaux »! Désormais ils disparaissent des catalogues ET des bibliothèques…
« Bientôt les bibliothèques seront obsolètes. Leurs rayonnages devenus inutiles, elles seront rangées au rayon des antiquités. Éventuellement, on les détournera de leur usage, comme les coiffeuses ou les bidets qu’on remplit de plantes vertes, pour faire joli.
Ce n’est pas de la science-fiction. Cette révolution culturelle est déjà en marche. La preuve: d’après The Economist, le géant du meuble Ikea devrait sortir le mois prochain une nouvelle version de sa mythique bibliothèque Billy. À défaut d’être beau, ce modèle avait le mérite pour les amoureux des livres de battre tous les rapports quantité/prix : une seule Billy – format 80X200X40 cm, premier prix 35 euros – peut stocker presque cinq cents livres, sur une double rangée… Un chiffre qui n’impressionne pas les adeptes de la lecture digitale : ce sont plusieurs milliers de titres que peut contenir une tablette numérique ultramince.
Ikea a constaté depuis quelque temps que ses clients avaient tendance à utiliser ses bibliothèques pour poser des bibelots, exposer des souvenirs et d’autres babioles, parfois un ou deux livres d’art. La firme suédoise avait déjà commercialisé des portes vitrées pour qu’on puisse convertir ses bibliothèques en vitrine. Elle a conçu maintenant une Billy d’une profondeur supérieure aux 40 cm actuels. Quelques centimètres de plus qui sont un signe des temps: la bibliothèque devient un placard. »

ASTRID DE LARMINAT, Le Figaro du 22 septembre 2011.

Illustration: photomontage Muriel Pic extrait de son livre Les désordres de la bibliothèque aux éditions Filigranes, 2010.

  1. Rodrigue says:

    Il existe un renouveau de la bibliothèque où vont ceux, que justement, l’on a hativement mis au placard: la bibliothèque publique. Elle possède un très bel avenir. Elle a la même fonction que la dame avec le même adjectif pour tous les esseulés n’ayant plus rien chez eux. A ceci près que je ne souhaite nullement réifier la dame qui se prête ou se loue. Elle n’a rien a voir avec un meuble. Bibliothèque personnelle ou publique sont finalement toutes deux nécessaires pour le vrai amateur de livres

    1. Tout à fait d’accord avec vous, j’ai la chance de pouvoir bénéficier à côté de chez moi (dans le 20ème arrondissement) d’une médiathèque dont l’offre est vraiment remarquable: titres, types de documents, facilité d’accès et de prêt (entièrement automatisé grâce à des bornes et, incroyable, ouverture du site le dimanche!), personnel aimable et disponible, etc. En France, la lecture publique existe et fonctionne remarquablement bien, quelque chose dont on peut être fier…

Laisser un commentaire

Patrick Corneau