« Sur un même arbre, se trouvent deux oiseaux, l’un perché tout en haut, l’autre en bas dans les branches. Celui qui est en haut est calme et silencieux, resplendissant d’un merveilleux plumage aux reflets d’or. Celui qui est en bas mange tour à tour des fruits aux brillantes couleurs, soit amers, soit sucrés. Il saute de branche en branche, tantôt heureux, tantôt malheureux. Lorsqu’il goûte un fruit particulièrement amer, il est très déçu et inconsciemment son regard s’élève vers le faîte de l’arbre où l’éblouissant oiseau ne bouge ni ne mange.
L’oiseau du bas envie cette paix, mais se remet à manger des fruits et oublie l’oiseau du sommet, jusqu’au jour où un fruit vraiment trop amer le fait sombrer dans le désespoir. Alors, de nouveau il lève les yeux, et dans un effort il parvient tout près de l’oiseau magnifique. Les reflets dorés de son plumage l’enveloppent lui-même dans un flot de lumière, le pénètrent et le dissolvent en une brume diaphane. Il se sent fondre et disparaître…
Il n’y a toujours eu qu’un seul oiseau, celui du bas n’était que le reflet, le rêve de celui du haut. Les fruits doux et amers qu’il mangeait, ces joies et ces peines qu’il a vécues tour à tour, n’étaient que vaines chimères. Le seul oiseau véritable est toujours là, au faîte de l’arbre de la vie, calme et silencieux. Il est l’âme humaine au-delà des bonheurs et des peines. »
Légende tirée de la « Mundaka Upanishad », racontée par Vivekananda au siècle dernier.
Pour Simone Weil ces deux oiseaux sont les deux parties de notre âme.
Illustration: photographie extraite du site « Au jardin de Mo et Marc« .
Simone Weil et Gustave Thibon, dans une ferme en Ardèche. Vous y êtes presque, cher Monsieur Lorgnon.
Maintenant je retourne à mon chagrin. Car ici je retourne des livres c’est mon travail.
Votre billet nous montre la nécessité vitale des mythes et légendes. Ils nous permettent de nous projeter dans l’avenir et d’espérer. Ils nous réconcilient tant avec nous-mêmes qu’avec les autres.