Dans l’apocalypse lente qui nous environne (l’affolement général où chacun tente de sauver sa peau), la bande des 6 nous a apporté des discours rassurants, rassérénants, confiants, poinçonnés au bon sens de l’urne, c’est-à-dire juste calibrés pour ralentir légèrement cette apocalypse. Les périls (les différentes crises majeures qui s’accumulent au gré des jours) étant les seuls « stimulants » de l’imagination des candidats, on a rivalisé d’invention sur les colmatages dérisoires qui pourront maintenir la galère à flot. L’incapacité de remonter des effets aux causes véritables fut donc sidérante: une vaste entreprise de dénégation et d’aveuglement s’est mise en place sous nos yeux. Sans doute ne voulait-on pas répéter le scénario électrisé des « ruptures » salvatrices qui ont plongé l’actuel président dans le marasme de ses reniements successifs? Alors on a joué la « normalité » (une présidence « normale »), autrement dit une tiédeur de bon aloi, infra-ordinaire. Pour crédibiliser cet écran de fumée (et mieux noyer les sujets qui fâchent), on a ironisé en jonglant avec quelques chiffres sur de supposées différences entre les emplâtres (tous, bien sûr, absolument inopérants). D’où cette impression d’ennui, de fadeur, d’in-signifiance. Finalement, de torpeur générale. La porte est donc grande ouverte pour les extrêmes. Ils s’y engouffreront pour exploiter hystériquement l’asthénie d’un corps social et électoral miné, dévitalisé par la désespérance.

A la fin de l’émission, il me fallait un cordial. Il était temps de rouvrir Baudouin de Bodinat.

Illustration: photographie France 2.

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Patrick Corneau