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« Un ciel délivré des ombres, c’était l’horreur pour moi. Je n’appréciais que les temps gris, et cela en raison de la mélancolie en moi, de l’insecte de mélancolie qui cheminait en moi comme dans une souche creuse, vermoulue. C’est une maladie qui affecte l’esprit d’autant plus sûrement qu’il craint alors de s’en défaire: le mélancolique est celui qui est persuadé d’avoir tout perdu – sauf sa mélancolie à quoi il tient farouchement. C’est la maladie de celui qui, dépité de n’être pas tout, choisit, par un revers enfantin de l’orgueil, de n’être rien, ne gardant du monde que ce qui lui ressemble: le morne et le pluvieux. »
Christian Bobin, L’inespérée, Gallimard, 1994.

hmorganlettrine2.1293315546.jpgComme remède C. Bobin suggère la musique de Bach parce qu’elle est délivrée du sentiment: « Pas de chagrin, pas de regret ni de mélancolie: juste la mathématique des notes comme le tic-tac des balanciers d’horloge. »

Illustrations: photographie de Sgian Dubh Qajaq / Suite In A Minor Bwv 818 interprétée par Enrico Pierranunzi.

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Patrick Corneau