Si le langage aide à vivre et si la vie est une erreur sans la musique (Nietzsche), il existe des moments et des situations où miraculeusement le monde SE TAIT, naturellement ou artificiellement (on devrait ériger une stèle – de silence – au bienfaiteur Quiès, vénérable maison fondée en 1921). Car le silence est un monde en soi, il y a des qualités de silence. Le silence de l’heure qui précède l’aube n’est pas celui qui entoure la musique (Vladimir Jankélévitch distinguait entre celui d’avant et d’après la musique). Le silence est (ou devrait être car il ne le mérite pas toujours) la récompense du musicien. En tous cas, il est le baume du lecteur, du rêveur et du poète.
Let your Silence tell me of the numberless dreams that are you. Fernando Pessoa, The Mad Fiddler, 1916.
Illustration: Célébration du silence [« Lisez ce livre, comme n’importe quel livre, page à page. Écoutez le bruit étrange qu’il réveillera en vous; s’il devient insupportable, si vous ne l’entendez pas ou si cela vous apparait absurde, ce qui revient au même, lancez un mot dans la page ou priez l’un de vos invités de la faire dans sa plus belle calligraphie. Prenez garde alors à l’écho qu’il vous renverra, par quoi vous saurez si vous avez de l’eau dans votre puits, et si c’est une eau potable. »], texte de Robert Morel, Robert Morel éditeur, Forcalquier, 1965. / « Silence », composition mélancolique de Charlie Haden, interprété par Michel Petrucciani.