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Ich bin ein Opfer der Gestell des Menschen durch Technik. Ich möchte den Leistungsschalter drücken. Martin Heidegger
[
Je suis une victime de L’Arraisonnement de l’Homme par la technique. Je veux appuyer sur le disjoncteur.]

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En 1922, Elfride Heidegger (née Petri) l’épouse du philosophe Martin Heidegger (1889-1976) fait cadeau à son mari d’un petit chalet surplombant le village de Todtnauberg en Forêt Noire. A environ 25 km de Fribourg-en-Brisgau, où les Heidegger vivaient. Elfride avait utilisé une partie de son héritage pour acheter ce coin de terre et payer un charpentier local pour construire une habitation. L’argent se dévalorisant avec la dépression, elle avait pensé qu’il était plus sage d’investir dans l’immobilier. Ce lopin était petit, humide et rocailleux, aussi les propriétaires étaient-ils d’autant plus enclins à le vendre. Elfride conçut elle-même les plans. En août 1922, la famille y déménage. L’appartement de Fribourg est loué à des Américains. C’est dans ce chalet de montagne que Heidegger a travaillé à la plupart de ses écrits. Une partie importante de son œuvre la plus célèbre, Être et Temps (Sein und Zeit, 1927), a été écrite dans une ferme voisine où le philosophe avait loué une chambre car ses deux enfants étaient trop bruyants. On estime qu’il a passé dans cette « Hütte » environ 10 de ses 50 années de travail philosophique. En allemand « Hütte » signifie « cabane », mais dans le contexte local, il s’agit plutôt d’un chalet.

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D’un côté on a des arbres et des bois, de l’autre on peut voir la vallée et les pistes de ski. Un petit ruisseau longe la pente, de l’eau s’écoule dans un abreuvoir. Le chalet, sans eau courante, est constitué de quatre pièces minuscules. En 1914, lorsqu’elle était étudiante, Elfride avait fait un peu de ski dans la région. Elle avait séjourné dans un endroit semblable avec des amis étudiants. Après son mariage (1917) avec Martin, elle a voulu avoir un endroit où son mari pourrait travailler en toute quiétude.

Il n’y a pas de voie d’accès à « Die Hütte ». On peut venir en train jusqu’à Todtnau, mais Heidegger préférait venir à pied ou à bicyclette. Lorsqu’en 1933 il refusa pour la seconde fois sa nomination à l’Université de Berlin, l’Université de Fribourg lui proposa de prendre en charge les frais d’installation de l’électricité: le professeur accepta mais à la condition expresse que les câbles soient enfouis dans le sol. Et qu’il n’y ait pas d’éclairage à l’extérieur.

Illustrations: Le carnet Moleskine retrouvé de Martin Heidegger (Heidegger Deutsches Literaturarchiv, Marbach) / Google Maps

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Patrick Corneau