img_139095578.1290083636.jpgDans l’avant-dernier et exquis petit livre de J.-B. Pontalis, En marge des nuits (Gallimard, 2010), quatre citations qu’à son exemple, je pourrais faire miennes si j’en avais l’impudence:

Richard Millet: « Je n’écris pas pour quelqu’un ni pour une cause, encore moins pour un ‘lectorat’, mais pour un proche qui est lointain, cet inconnu qui a la grâce frémissante d’être proche de moi tout en n’étant pas moi: le témoin invisible qui justifiera l’invi­sible. »

Louis-René des Forêts: pouvoir rejoindre un jour « celui qui cherche dans le tourment des mots à traduire le secret que sa mémoire lui refuse.« 

Pascal Quignard: « J’écris parce que j’ai besoin de dire quelque chose que j’ignore. »

Julio Cortázar: « Un autoportrait dont l’artiste aurait eu l’élégance de se retirer. »

hmorganlettrine2.1290083670.jpgMa préférence va aux deux dernières, la première parce qu’il n’y a pas d’écriture sans quête et la seconde parce qu’elle fait de l’écriture un don, une pure oblation. Toutes deux semblent désigner l’injonction sous-jacente à toute véritable écriture: écrire au risque de se perdre, faire vaciller les limites si étroites de notre propre pensée, le socle d’argile de notre pauvre « moi ». Sans oublier d’avoir toujours présent à l’esprit la question de Maurice Blanchot: « Ecrire, serait-ce devenir lisible pour chacun, et pour soi-même indéchiffrable? »

Illustration: photographie extraite du film de Jane Campion Bright Star.

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Patrick Corneau