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Convié à commenter sur France Culture son livre C’est la culture qu’on assassine (Esprit des péninsules, 2011), Pierre Jourde a raconté cet épisode sidérant mais exemplaire de l’inéluctable avancée de l’ »empire de la crétinisation » dont les piliers sont, selon lui, les pouvoirs économique, politique, médiatique qui se conjuguent pour nous plonger dans une nouvelle barbarie: « abandon de l’école publique, transformation des universités en monstres bureaucratiques, télévision avilissante, ruine des instituts culturels français, mépris affiché pour la littérature, journalistes usinant du cliché, promotion de faiseurs au rang de grands écrivains, mort de la culture populaire, disparition de l’esprit critique ». Face à ces dérives décivilisatrices, quelques-uns (pas si nombreux que cela) résistent par l’intelligence et l’ironie: Pierre Jourde, Jérôme Leroy, François Taillandier (ici au Cercle Cosaque), liste que vous êtes invité, cher visiteur/lecteur, à compléter.

Autre avancée notable: l’ »effeuillage burlesque »* dont Envoyé Spécial a rendu compte jeudi dernier sur France 2 avec le stupéfiant reportage « Je m’effeuille donc je suis » d’un burlesque véritablement « effondrant » (on regrette qu’un Philippe Muray ne puisse brocarder aujourd’hui ce paradoxal aboutissement de trente années de féminisme).
*la passion de femmes minces ou rondes, jeunes ou plus âgées, qui ont décidé de se faire plaisir en se dénudant façon burlesque.

Illustration: Editions Esprit des péninsules.

  1. PhA says:

    Allez, on en trouvera bien encore quelques-uns (toutefois il n’y a qu’un Jourde, que vous mettez au pluriel).

    Hélas qu’il ne soit qu’un! Correction faite. Merci.

  2. PhA says:

    Je me souviens d’ailleurs de cette anecdote, PJ nous l’a racontée aussi lors de la rencontre organisée il y a peu par le Cercle Cosaque. ça m’a d’ailleurs rappelé une anecdote semblable, et même pire en fait : ici au moins a-t-on invité l’équipe pédagogique à rappeler plus tard, ce n’est pas tout à fait une fin de non recevoir. Mais oui elle est « trop » belle, la vie.

    Je ne connaissais pas le « Cercle Cosaque » (lieu de résistance!), je mets un lien et ajoute la conférence de l’excellent François Taillandier, « the last but not the least of the list »… 😉

  3. Barf ! En clair ce monsieur Pierre Jourde exige qu’un État déjà gravement surendetté comme la France finance à profusion la littérature, les cénacles littéraires, les langues, civil, sciences sociales et humaines à l’université, et tout le toutim.

    Qu’il se réjouisse donc : à l’université des sciences humaines de Lille 3 (qui a depuis des années établi sa solide réputation d’usine à chômeurs) nous sommes 3 en cours de Chinois et avons plus de professeurs que d’élèves; rien de tel pour progresser à son rythme que des cours particuliers aux frais du contribuable, de l’école élitaire comme dirait l’autre !!

    Plus sérieusement, je trouve qu’il est facile de se poser en grand défenseur de la culture et de l’histoire pour masquer une simple volonté d’avoir du fric pour ses activités. Moi je suis fermement contre le sponsoring des œuvres artistiques par l’État, surtout en matière de littérature.

    La misère, la répression et la pauvreté sont d’excellents trieurs de talent et de génie : Rimbaud a préféré faire les poubelles à Paris que de suivre la sinistre carrière qu’on lui préparait à Charleville, Baudelaire a cultivé ses Fleurs du Mal dans l’isolation et le dénuement, Liao Yiwu a accepté d’aller en taule se faire tabasser plutôt que de chanter de fausses louanges du PC chinois, etc etc.

    Il me semble que l’art et la culture ont toujours su avancer sans l’aide de l’État ni de la société et que les œuvres se font naturellement. Je dirai même qu’elles donnent le ton et que le reste de la société suit cahin caha après les avoir accablé ou ignoré.

    Il me semble aussi que la littérature a toujours intéressé une infime minorité de gens et a toujours été l’apanage d’une infime minorité d’authentiques créateurs. Cela ne changera pas : tout ce qui change avec la modernité qui a alphabétisé la majorité de la population humaine, c’est qu’il y a mécaniquement un peu plus de talents (ce qui est une bonne chose) et énormément plus d’imposteurs.

    Enfin que notre époque révère la bêtise, porte au pinacle la barbarie et célèbre le crétinisme, il n’y a rien là que de tout à fait normal. Que mes frères humains se passionnent pour l’industrie cinématographique de merde américaine, la télé réalité, le porno, le football et les séries télé, grand bien leur fasse ! C’est leur choix, c’est qu’ils veulent voir et faire de leur temps, qu’ils assument !

    comme ça je suis plus tranquille dans les bibliothèques, librairies et pour écrire. Et l’écart s’accroît ! eheh

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Patrick Corneau