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ferligron.1299745276.jpgCe qui frappe le plus dans la campagne française contemporaine c’est l’absence de bruit. Vous approchez ou longez une ferme (ou plutôt « une exploitation agricole »), pas d’aboiement du chien, pas de caquetage de la basse-cour, pas de hennissement des chevaux, pas de coups de marteau dans la grange, pas de roulement d’une carriole sur un chemin de pierre. Seul le ronronnement léger du compresseur dans le hangar de parpaing et de tôle de la « stabule » et lointainement un bruit de tracteur au travail se détachant sur la basse continue de l’autoroute. La « fermière » est postière au village voisin où l’église est fermée et muette, ses enfants sont au pensionnat du chef-lieu. Solitude pesante et silence de mort. Aucun chant d’oiseau, les haies ont été coupées, pas de ronflement des bourdons et des guêpes, empoisonnés par les pesticides. Espace ouvert, espace vide, oublié, rendu comme une armée se rend à l’ennemi.
Silence de la terre et bientôt aussi silence de la mer…

Illustration: photographie de Thibaut Cuisset, lauréat du Prix de Photographie 2009 de l’Académie des Beaux-Arts.

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Patrick Corneau