« Le diable sans aucun doute aime ce qui est fluide, rapide et lisse. Il raffole de l’électronique et de ce qui peut nous rendre la vie plus facile jusqu’à nous faire oublier de la vivre. S’il y a un enfer, et il y en a un, et nous y sommes, il nous y aura menés gentiment, par légères poussées, sans aucun drame. Escamoter le réel, c’est son charme. Le diable est un jeune homme moderne, ouvert et sympathique. Certes, on pourrait lui reprocher d’aimer l’argent d’un amour immodéré, mais ce serait oublier que l’argent permet à ceux qui le possèdent d’ignorer la rudesse de la matière, et le diable, on ne le sait pas assez, déteste la matière autant qu’il déteste Dieu: l’angélisme est sa vraie nature. »
Christian Bobin, Ressusciter, Folio 3809, Gallimard.
Il fut un temps où un certain Michel Serres osait une mise en parallèle des anges messagers des religions monothéistes et des milliers de messages échangés chaque jour dans un monde de communication et de réseaux, nous promettant monts et merveilles de cette circulation effrénée (voyez « WikiLeaks »).
Le diable ne se serait-il pas caché sous les sourcils broussailleux de l’aimable philosophe?
Illustration: anonyme
On peut effectivement croire aux valeurs du bien et du mal sans les personnifier par un Dieu et un Diable, ce qui dailleurs ne change strictement rien au constat que fait C.Bobin avec laquel on ne peut qu’être d’accord
avec lequel (erreur dactylographique!)
Michel Serres: on ne lui donnerait pas le Bon Dieu sans confession, c’est vrai, et pas seulement à cause de ses sourcils broussailleux. L’aimable philosophe l’est justement trop à mon goût. Une grande entreprise de séduction!
Emerveillante quand même!
Je n’ai jamais bien compris où voulait en venir l' »aimable » philosophe (si tant est que vous faites allusion à La légende des Anges, chez Flammarion, beau livre, au demeurant).
Depuis, je ne goûte plus guère au bonhomme que par ses interventions rocailleuses sur France-Info, quart d’heure périlleux pour peu que l’on soit au volant.
Oui, d’accord avec vous, je me demande si l’Académie française n’est pas une sorte d’éteignoir à génies. Dans la voiture, je préfère écouter Jean Luc Ponty (celui des années 70)! 😉
Michel Serres, perpétuel donneur de leçons, pérorant sur tout et sur rien (spécialiste de la parole en boucle), mais je ne l’écoute jamais, sa musique m’écorche les oreilles.
Pingback:Online games