green_8170.1289894693.jpegREVUE DES DEUX MONDES (septembre 2010) – Vous parlez de « vide plein » opposé au « vide vide ». C’est très important dans votre poétique?

EUGÈNE GREEN – Le vide plein, pour moi, c’est ce que recherchent Maître Eckart ou les mystiques du Tao. C’est le vide créé lorsqu’on évacue tout le néant du monde, y compris Dieu dans la conception à travers laquelle on est obligé de passer pour atteindre la réalité abso­lue du sacré, qui est ce que Maître Eckart appelle le château fort de l’âme. C’est aussi ce que recherchent les taoïstes, ce qu’ils appellent le vide parfait. Le vide vide, c’est ce que l’on expérimente dans notre vie. Nous avons peur du présent, donc nous évacuons le présent par le bruit. Nous avons peur du silence, parce que le silence est plein. Le silence nous permet d’entrer dans le présent. Donc nous mettons de la musique de fond ou nous nous mettons des écouteurs dans les oreilles, pour éviter de nous approcher du plein.

ferli2.1289894770.jpgExtrait de l’entretien réalisé par Edith De La Héronnière avec Eugène Green, cinéaste, écrivain et dramaturge français.

Illustration: photographie d’Eugène Green

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Patrick Corneau