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hmorganlettrine2.1278057698.jpgCette photo intrigue… Le cache pudique posé sur la bibliothèque (et quelques livres retournés côté tranche) fascine autant que le niqab sur le visage d’une moukère.
Raison de plus pour lire l’avant-dernier tome de « La Grande Intrigue »*, vaste entreprise romanesque à la chronologie éclatée à travers laquelle François Taillandier livre une percutante analyse du temps, de notre temps, cet air qui semble ne pas bouger et se transforme, nous transforme dans notre rapport au langage, à l’histoire, au monde. Vient un jour où l’homme « rêve l’enfant qu’il a été » et soudain, comme un appel d’air tout en lui flageolle, laissant un sentiment de perte, de menace, de culpabilité. Ces « points de bascule » portent à la
mélancolie pour beaucoup, au chagrin pour d’autres, à la dépression pour quelques-uns…

Le compte rendu du 2 juillet dans Le Monde, très superficiel car se focalisant sur des remarques de style et de construction, ne dit rien de cette magistrale entreprise de dévoilement du malaise historique et culturel par un « moraliste » gai**.

*Les romans vont où ils veulent, « La Grande Intrigue IV », de François Taillandier, Stock, 286p., 19€. Ainsi que Time to Turn, « La Grande Intrigue V », Stock, 284p., 19€, à paraître le 18 août.
**c’est-à-dire sans l’encens ténébreux de l’oraculaire à la Cioran, F. Taillandier se revendiquant par ailleurs chrétien mais pas très « catholique » comme le montrent ses libres chroniques pour « L’Humanité » depuis 2003.

Illustration: photographie de David Ignaszewski / Koboy pour « Le Monde ».

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Patrick Corneau