hmorganlettrine4.1269709245.jpge-moleskine61.1272438890.JPGJour 121 de ma captivité. Nouveau : mon repas est toujours aussi ignoble mais le « coin repas » s’est agrémenté d’un tapis « absorbant et lavable » sous ma gamelle. Rien de trop beau pour le décorum… La patronne est une adepte de « Vitrine magique: grandes idées, petits prix », un catalogue d’accessoires aussi kitchs qu’inutiles pour la maison. Le chien a eu droit à un moelleux tapis de repos « anti-tiques, anti-puces, anti-taches ». Quand à madame, elle ne tarit pas d’éloges sur son « gant ramasse-poils »… L’oiseau n’a rien eu. Sur son perchoir, c’est un anachorète qui ne vit que de délation et d’eau fraîche.

Le poisson rouge a changé de bocal: plus grand, plus d’espace vital. Curieusement, la couleur de ses écailles a changé, elle a viré au gris-blanc avec des taches rouges. Il ressemble de plus en plus à ces carpes colorées du Japon. Plus appétissant? 

Toujours dans une stratégie d’esquive par rapport à mes geôliers: s’arranger pour ne pas trop attirer l’attention sur moi. N’avoir l’air ni d’un excentrique, ni d’un conspirateur, mais d’un chat normal, banal. Eviter les contacts mais, en même temps, ne pas sembler les fuir. Ne pas éveiller de soupçons. Un travail de tous les instants.

La patronne parfois se plaint de ma « froideur », prétend qu’on ne caresse pas un chat mais qu’il se caresse à vous… Vieux poncif lancé par le sinistre Buffon dans sa délirante Histoire naturelle. Buffon a passé, a trépassé. Les chats sont toujours là comme l’infini du ciel étoilé!

Illustration: photographie ©Lelorgnonmélancolique

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Patrick Corneau